13.5.02

Même pas midi, déjà je m'offre une sieste grasse. Chanson finie, l'effort de vie se récompense par une ration d'inconscience.
Je planche sur un texte de chanson, une ânerie pour une interprète velléitaire qui me l'a demandé et à qui je n'ai pas le coeur de dire qu'elle n'arrivera vraisemblablement jamais à rien. Me croirait-elle, de toute façon? Bien sûr que non. Alors elle l'aura, son texte, son démo et son désenchantement. Je suppose que c'est encore préférable au regret de n'avoir jamais rien tenté.

12.5.02

Regarde Le bûcher des vanités. L'avais lu à Parthenais, en préventive, à l'ombre, tandis que ma carrière tombait en cendres au dehors. Sherman McCoy se croyait sans un ami au monde. En cela aussi, il se trompait.
Plein de dumplings et de canard laqué.



Croisé Hans, hors d'haleine sur son vélo, une jointure écorchée. S'est remis à la boxe.



Croisé Véronique et sa bergère allemande bébé. Véro, danseuse exotique, amatrice de matelots et seule femme en ville à pouvoir me faire rouler sous la table à coups de tequila.



Ma sweet Annie a les lèvres engourdies...
Ajouté quelques clichés à ma tribu en photos. Vais flâner dans Chinatown avec Annie tandis que les grévistes s'amusent à cisailler les câbles de fibre optique.
Y en a plus que marre. Le câble me lâche à répétition. Je me fais l'impression d'être un cadre qui lutte vaillamment pour sortir le journal malgré le sabotage et les piquets. Ou peut-être un scab. Le pire, c'est quand la grève devient le sujet. Heureusement que je m'en tape, du sujet.
Réveillé (encore) par une (fausse) alerte d'incendie. Comme une grande pulsation stridente du building. Quel extraordinaire moyen de rencontrer mes voisins, si j'en avais la moindre envie!

11.5.02

Mario est passé en début d'après-midi. J'ignore pourquoi au juste, mais j'ai cru comprendre que c'était pour tousser sur mes meubles. En tous cas, je lui ai fait de la soupe et lui ai refilé des Halls mentho-lyptus. Il a dit: «La dernière fois que j'ai lu ton journal, tu racontais que je t'avais apporté du papier de toilette. Bon Dieu, ils diront pas que t'évites les vrais sujets!»



C'est toi qui m'a refilé l'idée, j'ai dit. Les contingences de l'écrivain et tout ça. Viens pas te plaindre maintenant.

Ajouté une chanson inédite au site, pour remonter Annie qui souffre d'un gros mal de partout. Écrit ça pour Louise Forestier en 1990. Projet avorté.



Aussi une page de liens, Liaisons dangereuses,accessible à partir de celle-ci ou de Vacuum.



Saloperie de grève à Vidéotron: mon modem flashe pire qu'une disco. Bien envie d'aller voir s'il fait beau chez Bell; paraît qu'ils sont mucho sympatico. Et combien vous pariez que la facture de ces enfoirés va se poser comme une fleur au jour et à l'heure dans mon pigeonnier?
Une joke de K: c'est un petit Madelinot qui entre en trombe dans la cuisine. «Maman, maman, j'ai vu deux airplanes



Sa mère le tance vertement. «Kevin, tu sais qu'il faut dire avions. Allez, recommence et fais attention.»



Le gamin, penaud, s'exécute de mauvaise grâce. «Maman, maman, j'avions vu deux airplanes



Bon, eh bien, maintenant que vous êtes détendus, TAM TADADAM! Je suis autorisé à révéler l'URL du site de Kevin Vigneau. LIBER est très spécial et très beau, je trouve. Comme dit O', «Il écrit bien, le bougre!» Et un rapide coup d'oeil révèle qu'il ne peint pas que des salles de bains.

10.5.02

Carole David est une douce et vieille amie. Pour une raison ou pour une autre, je ne me suis jamais montré tout à fait à la hauteur avec elle. Quoiqu'il en soit, elle appelle ce que je fais le pari du journal. Perspicace en diable. Sans parler qu'à force de lire entre les lignes, elle finira par me donner l'impression de doubler ma production!
Quand Dominique est venue mercredi, c'était les bras chargés de cadeaux: son livre d'abord, plus quarante-huit bouteilles de bière "pour mes ouvriers" (Kevin, en l'occurence) et des certificats pour vingt-quatre autres. Ce soir, je passe à travers la Heineken, mais j'ai pas le coeur à la luxure.
Enfin des nouvelles d'O'. Elle lit Pauline Réage (alias Dominique Aury alias Anne Declos), ce qui est la suprême ironie.



Comme moi, elle reçoit des courriels d'illuminés, fous de Dieu et autres activistes politiques. «Les gens sont cons je m'en fous ce soir je sors faut que je me trouve un homme. j'm'en vais allumer un cierge à notre-dame pour les cons.»



J'en connais un que ça va démanger de prendre l'avion pour aller à la messe.









Terminus irrevocabile (j'ai pas K sous la main pour corriger mon latin de cuisine)! Plus de Script. Va me manquer, la vlimeuse. Enfin, Annie Strohem, la petite nouvelle qui la remplace, a une bien jolie plume...



Récolté une mention du public dans le sondage annuel du journal Ici pour le livre de l'année (en fait, de l'année d'avant), Valium.



«J'aime mon public, mon public m'aime!» (La Poune)



Dans le Mirror, Kristian Gravenor nous apprend que la croix du Mont-Royal peut changer de couleur! Bleu, blanc, rouge, pourpre, y a qu'une switch à flipper. Qu'attend-on pour le faire, Calvaire!? Faut-il que Hans Marotte regravisse la montagne et s'en occupe tout seul?



Bunker peint en blanc et crème de marron (familièrement appelée #1-1301P). Mes tableaux ont à nouveau une vie propre. Kevin a appliqué trois couches sur les marques au mur qui rappelaient la croissance de Jean-Christian, on l'y voyait me dépasser, puis s'en aller... Tout cela n'est plus qu'ombres, un palimpseste du passé.



Parlant de philosophie, c'est bien la peine de se crever le cul à décrocher un B+ en philo platonicienne si c'est pour se retrouver avec un pinceau dans le poing! La philo mène à tout, dites-vous? À voir! Dans le titre original du roman publié aux É-U sous le label Harry Potter and the sorcerer's stone, c'est pas sorcerer qu'on lit, c'est philosopher.



«Les Amaricains, Linda, eux autres, ils l'ont l'affaire!»

9.5.02

Dominique Chénier



En lecture:Pure Libertine, de Dominique Chénier, paru chez Trait d'Union. Sexe-fiction, érotisme d'anticipation (Jagger est mort), exotisme viril, recherche de style, de quoi se réconcilier avec sa main droite. Conception saine des relations humaines. Filles fortes têtes sur les épaules et culs chauds, mecs un peu moins dessinés, mais jeune est la soirée...
Christ, aujourd'hui, j'ai vieilli d'une journée, et tout ce qui m'importe, tout ce en quoi je crois (fût-ce sans le savoir), tout ce que je sais (fût-ce sans y croire), toute ma force et mon talent et tous les événements qui forgent mon temps, tout cela ne vaudra pas tripette dans trente-sept ans et des poussières.



Mon monde à l'envers. Les finales de hockey sont télédiffusées sans commentaires, vu le lock-out de Radio-Canada, et entrecoupées de pubs de la corporation des magazines où l'on entend René Lecavalier s'extasier sur le jeu de Cournoyer sauf qu'on assiste à un sport d'éléphants et de cornacs hindous.



Centaure visant les Nues

Odilon Redon, 1895.


Centaure visant les Nues



Les plus belles plottes de l'histoire ne sont pas nées encore, sauf celles qui sont mortes.



Un homme peut-il vivre uniquement de Molson dry et de cartes postales françaises? Demandez à Kevin et, pendant que vous y êtes, rappelez-lui que la menace magique ravit en fondant comme les os de Valentino.







8.5.02

Tellement, tellement de choses à écrire, des tas et des tasses, que pas le temps de le faire! La grosse vie sale mange les mots, le Bunker ébullient blanchit, Annie Kevin et moi on vit si vite que le coeur nous lève!



En rafale: non, je ne trompe pas Érika avec Annie, pas plus que je ne trompais Script avec Érika. C'est la même fille. La plupart du (prin)temps.

7.5.02

K attaque la peinture tandis que je repars pour une autre ronde de liquidation. Ce coup-ci, les livres proviennent de la bibliothèque de Kevin. Blackburn voit tout de suite la différence. «Aaah! Voilà qui est mieux! Ce soir, vous allez boire à votre soif.» Il m'en donne quarante dollars. On discute le bout de gras. Il me demande où j'ai rencontré Kevin. Dans un bar, je réponds. Où tu crois? Sûrement pas à la messe. Il buvait de l'eau quand je suis entré à L'Entre-Nous. J'ai offert une tournée. On a parlé jusqu'à midi le lendemain. J'ajoute que ce garçon ravive à lui tout seul ma confiance en notre système d'éducation, durement éprouvée par ma propre expérience.



De retour au Bunker, je fais part à K de cette conversation. C'est alors qu'il me raconte un échange entre Guillaume Vigneault et lui, le soir du lancement du Joueur de flûte, de Louis Hamelin.



VIGNEAULT: Où t'as rencontré Christian?

VIGNEAU: C'était pas au bal de la comtesse, ça, c'est sûr.

VIGNEAULT: Sûr que c'est sûr. Il est barré, au bal de la comtesse.



Sacré Guigui.