27.5.08
Le temps des bouffons
Roy Nègre
Sur le pouce, à seize ans, descendant vers le sud avec la future mère de mon enfant, je me suis fait offrir de l'opium et un rasoir par un gros nèg jovial et génial entre deux haies de cèdre: c'était à Albany, la porte à côté, il savait que j'étais jeune et con et c'est la raison du rasoir; j'aurais à rencontrer des nègs plus gros mais moins joviaux et moins géniaux à mesure que ma connerie d'ado ferait du pouce vers le bas de la mappe.
Fast forward: au Maryland, un type noir comme le poêle et patient comme le christ m'a expliqué que nigger n'était pas le bon mot à user dans le coin.
Fast forward: je suis à Montréal, dans un bar à l'époque où j'écris Vamp, avec mon ami Léo Hernandez et mon pote Pierre Vallières, légendaire auteur de Nègres blancs d'Amérique. Pierrot s'est techniquement réfugié au monastère et pratiquement il s'en échappe pour bouère. Son alcoolisme, son racisme, son activisme politique n'ont rien à voir avec sa claustration volontaire. Il veut devenir moine tout simplement parce qu'il est pédé comme un phoque et que la honte le torture. Il nous regarde Léo et moi par-dessus le pichet et il halète: «Suce-le. SUCE-LE, hmm, heuh...»
Le premier homme noir que j'aie jamais rencontré, moi qui suis né à Montréal en 1964, c'était Dany Laferrière. Ce qui s'appelle un homme, ce qui s'appelle rencontrer, ce qui s'appelle noir. Il nous a enfoncé le mot nègre dans la gueule, mais pas à la façon de Léopold Sédar Senghor: il faut se rappeler que Dany faisait ses armes en qualité de Monsieur Météo à TQS, couché à poil avec une femme blanche nue pour annoncer le beau temps. Dany, qui savait comment baiser les blancs sans trop se forcer.
Michaëlle Jean, je l'ai connue en masse comme journaliste. C'était une sale snob arriviste tête enflée baveuse et fausse classe, une Denise Bombardier foncée, une garce. Prête à jouer le rouge et le noir, pair et impair, si on lui garantit ses pertes et que rien ne passe ni ne manque jamais. Je la méprise, et ça me fait mal au coeur, parce que j'admire Dany et je sais que ça lui fait peine que je ne puisse partager, moi et plusieurs d'entre vous, son parti-pris.
Lévy a pitché une roche dans la mare. Il peut pas s'en empêcher. Pour ma part, je trouve qu'il brasse, fin renard tolstoïen qu'il devient, plus la marde des accomodements raisonnables ou déraisonnables ou malcommodes que la question raciale au Canada, qui n'existe pas.
Falardeau a amplement traité de rois-nègres les gouverneurs-généraux antérieurs à Mimi, dans son chef-d'oeuvre de court métrage Le temps des bouffons.
KSI!
20.5.08
Journée en résumé
GMail me révèle que mon cher cousin Moran et sa collègue Catherine Major sont enchantés par les chansons que je leur ai envoyées.
Bill le concierge cogne à treize heures à l'huis du Bunker: je saute dans un slip et lui ouvre, mon rasoir à la main; lui, tient dans chacune de ses paluches une bombe à cancrelats, introuvables au Canada mais faciles à se procurer sur eBay. Tandis qu'il grille une clope sur le balcon, je finis de me groomer, puis on amorce les engins et on se sauve, calfeutrant la porte derrière nous avec une serviette de bain. Pas question de revenir avant quelques heures. Bill rigole: «Tu vas les voir marcher croche un jour ou deux, puis elles vont crever. Ce truc-là, ça leur dévore les insides, comme la bactérie mangeuse de chair...» Good.
Je passe voir Guig Vigneault, son Isabelle et sa Marion, puis je saute dans un taxi, direction Henri Henri, pour une séance photo avec Jean-François Gratton, artiste et gentilhomme. Les clichés sont destinés au livre inspiré de Cabine C, l'émission de Christiane Charette. Les concepteurs souhaitaient me croquer chapeauté et j'ai donc suggéré cet endroit, qui coiffe les hommes de ma famille depuis 1932.
Le chauffeur du taxi, Monsieur Roy, est le doyen des chauffeurs en activité à Montréal: il fait ça depuis cinquante-et-un de ses quatre-vingts printemps, il a eu sept enfants, six filles d'abord et puis un fils, sur un empan d'un quart de siècle, et ils sont tous allés à l'université, ils ont tous réussi dans la vie. Je lui parle de mon grand-père, qui s'appelait Roy aussi et qui chauffait le taxi, et qui serait un peu plus vieux que lui s'il avait vécu. Il me parle de Henri Henri et du temps où les hommes portaient tous un chapeau, puis il me parle de son premier: c'était en 1943, il avait quinze ans, la ville était secouée par les vents et il a trouvé un feutre qui roulait dans la rue. Il a dû glisser du papier journal sous le bandeau intérieur pour se le mettre sur la tête, parce qu'il était trop grand pour lui.
La séance terminée, chuis allé me boire un pichet au Saint-Sulpice, à la table que ma chérie sherbrookoise et moi affectionnons, et j'ai lu quelques pages d'Agatha Christie, puis je suis rentré contempler mes coquerelles qui crawlent en travers du plancher en souffrant horriblement; je bois une bière et je suis content.
17.5.08
La toune du lumberjack
À défaut, voici une version d'Éric Idle.
Éric
13.5.08
Pour jouer aux dés, faut exister.
Sincères félicitations, Rawi Hage.
Bravo, Rawi, bravo Alto aussi. Merci aux libraires indépendants d'exister toujours. Depuis que Henri Tranquille me prit sous sa frêle aile quand j'avais quatorze ans, j'aime et comprends les libraires, ces quichottesques maniaques qui doivent départager les bons sucs de l'ivresse melliflue.
J'ai salué du chef ce gros namedropper Stan; je suis plus gros que lui, mais je suppose que sa vue baisse: il a souri comme Idi Amin et n'a pas semblé me voir. Fat son of a gun. I guess he's too busy or too much of a whore to be polite.
La politique et la politesse, gros tas, c'est pas tiré du même gras.
12.5.08
Sujet déposé
Le boomer qui me donne des étoiles plus une moitié.
11.5.08
C'est comme une laine de braise qui me relie au crépuscule.
Il est une fontaine de langue, comme si sa vie en dépendait.
Lisez. Vous comprendrez qu'elle en dépend. La langue. La vie.
Savez-vous planter les choux?
Rue Pontiac
© Marie-Josée Hudon
Moi, vous savez, les légumes et les cercueils... Les premiers sortent de la terre, engraissés par les seconds qui s'y enfoncent; c'est à peu près tout ce que j'en sais. Mais je préfère mes carottes sans arsenic et que les jardins publics ne soient pas chasse gardée. C'est pourquoi je relaie ici cette réaction de MJH au dossier de La Presse (1, 2, 3).
Le guantanamo des légumes ou les sarcophages contaminants
Selon ce qu'une série d'articles du vendredi 9 mai 2008 révèle en page 2 et 3 du premier cahier du journal La Presse, j'aimerais faire part à vos lecteurs de mes commentaires concernant le jardinage communautaire au centre-ville et en particulier celui de la rue Rivard (photos couleurs à l'appui). Depuis plusieurs années j'ai constaté à quel point, les journalistes couvrant ce sujet-là et en l'occurence ce cas-là (le jardin de la rue Rivard) manque complètement leur cible.Je ne suis pas du tout impressionnée par les préoccupations de ces jardiniers du centre-ville... Ni de ce qu'ils entreprennent à tous crins afin de poursuivre leurs loisirs horticoles et maraîchers.Au chapitre de la socialisation, sachez que ces jardins sont attribués sur une base d'ancienneté. Cette attribution (désuette?) favorise la privacité alors qu'il s'agit d'un loisir public. D'année en année en année, les mêmes jardiniers s'attribuent les même jardins tant et si bien qu'on ne parle plus ici de jardinage communautaire mais bien de jardinage privé. Si la tendance se maintient, un terrain de 30,000 pieds carré est donc attribué coin Rivard et Bienville depuis belle lurette (plusieurs décennies), à une même trentaine d'irréductibles Gaulois et ce, au détriment d'une communauté entière de plusieurs milliers de «bons romains» vivants alentour. (La liste d'attente de 200 personnes faisant foi en passant).Si autrefois le jardin Rivard et passez-moi l'expression, était une sorte de «Guantanamo» des légumes, sorte de zone interdite, cadenassée, grillagée, clôturée, surplombée par un muret de béton décrépit, 365 jours par année, il est devenu aujourd'hui, au chapitre de la contamination, toujours selon ce que la série d'articles et de photos du vendredi 9 mai 2008 révèle dans La Presse pages 2 et 3, une horreur d'expérimentation. Ces jardiniers ont eu le pouvoir d'imposer une de leurs bonnes et des meilleures solutions! C'est-à-dire la mise en place d'énormes sarcophages dignes de ceux de Toutankamon donnant désormais au jardin Rivard un aspect pharaonique stupide, funéraire et monumentalement ridicule. Allo l'esthétisme: une trentaine de sarcophages géants reposent désormais sur un espace public!!! Et personne ne s'en formaliserait? Faut le faire!!!!!Ajoutez à cela que rien ne peut être envisagé pour corriger l'apparente ruelle grise sale et grafittée qui borde tous ces cercueils taillés à même notre forêt boréale sur son flanc ouest.
Cacher l'arrière-cour des commerces de la rue St-Denis? Planter des arbres? Voyons donc! Impensable! Cela porterait ombrage aux trois carottes et deux navets que Néfertiti viendra arroser cet été. Questionnez-vous, chers journalistes et voisins de tous acabits, sur la véritable vocation d'un jardin communautaire en milieu urbain en regard du passé et du présent. Si à l'époque, des familles démunies et nombreuses y trouvaient des bénéfices alimentaires, je ne crois pas qu'aujourd'hui cette vocation soit dignement perpétuée. Nous entretenons faussement cette image bucolique du jardinage communautaire Montréalais. Ce n'est plus une nécessité au jardin Rivard. Sa sacro sainte image du communautaire est pyramidale, dans tous les sens du terme. Elle est maintenue au détriment d'un voisinage de forte densité qui manque d'espace et se limite à déambuler le long d'un pseudo lieu communautaire qui présente toutes les caractéristiques d'un lieu privé. Je trouve que notre quartier paye cher les légumes exempts de contaminants que Cleopâtre exige. Et particulièrement ce printemps, alors que les sarcophages poussent sur le Plateau Mont-Royal comme de la mauvaise herbe. Bref, je mettrais moi la hache dans le cimetière des Pharaons de la rue Rivard. Que cet espace de 30,000 pieds carré soit rendu à la communauté. Qu'on en fasse un parc public auquel tout le monde aura plein accès car cela nous appartient à tous.
Marie-Josée Hudon
Monday, monday...
En même temps, je serai au Lion d'Or pour la remise du Prix des libraires du Québec. Prière de prier pour LCM.
L'ubiquité est épuisante, but it's still a pretty cool thing.
6.5.08
L'amour selon Bill S.
by William Shakepeare
That god forbid that made me first your slave
I should in thought control your times of pleasure,
Or at your hand th'account of hours to crave,
Being your vassal bound to stay your leisure.
O, let me suffer, being at your beck,
Th'imprisoned absence of your liberty;
And patience, tame to sufferance, bide each check
Without accusing you of injury.
Be where you list; your charter is so strong
That you yourself may privilege your time
To what you will; to you it doth belong.
Yourself to pardon of self-doing crime.
I am to wait, though waiting so be hell,
Not blame your pleasure, be it ill or well.
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