5.7.03

Dormi sur la balcon, à la fraîche, dans les fientes de pigeon. Qui dit que ma vie n'est pas palpitante?

4.7.03

Mario m'enjoint d'arrêter de journaler, avec la même énergie qu'il mit jadis à me faire commencer. «Je te l'ai répété cent fois!», qu'il dit. Menteur.



Et il chiale après Kevin. Comme Eric. Comme tout le monde. Trouve que j'y suis allé trop fort. «Je m'ennuie de Kevin! Ouskilé Kevin? Si seulement toi et Kevin...»



Je lui réponds de fermer sa gueule, d'aller passer dix heures avec Kevin semblables à nos dernières et de revenir m'en parler, je lui dis que toute la peine qu'il peut éprouver ne se compare pas aux fissures dans mon coeur. Puis je le serre dans mes grands bras et j'embrasse sa face de berger anglais.



Guillaume a livré sa première repartie, savoureuse. Un second entretien est en train.
Mario doit passer chercher le second rapport de lecture de son manuscrit. Ca risque de le foutre en rogne pour dix jours encore. Faut du temps pour s'endurcir la couenne à ces choses-là, pourtant si arbitraires et ne reposant que sur des opinions souvent fondées sur la qualité de la digestion.

3.7.03

Tour du chapeau. Michel Vézina revient à l'assaut de Vacuum dans le Ici d'aujourd'hui, pour la troisième fois, chacune requérant plus d'espace. Je ne serais pas autrement surpris de faire l'objet d'un cahier spécial jeudi prochain. Cela dit, c'est une critique honnête et pertinente, et le fait que je ne sois pas d'accord ne lui enlève rien.
L'entretien par courriel avec Hans avance bien. Il s'y prête avec toute la générosité que je lui connais et davantage. Par ailleurs, j'attends toujours les réponses de Guillaume et Louis. J'espère qu'ils ne réfléchiront pas trop.

2.7.03

J'ai pris le parti de tout dire et tout montrer à Marie-Sissi, en souhaitant à voix haute qu'elle n'en rapporte rien, cependant que le magnétophone ronronnait. Cette envie mortifère de faire confiance et de se confesser, d'avouer, de s'expliquer, et qu'on nous protège contre nous même. J'ai dit des choses, par exemple, à propos de ma mère, que j'espère ne pas retrouver dans l'Actualité de septembre. J'ai dit des choses à d'autres propos dont je ne me rappelle pas au juste la teneur, et qui doivent être pires...
Et puis je fume. Je me mets en combustion. Je suis parti depuis vingt-deux ans et je vis toujours chez mes parents.
Les jours fuient en frôlant la catastrophe. Je dors seize heures par cycle en laissant tourner des documentaires sur Staline. Je suis marié à mon ventilateur. Je suppose plus de choses que je n'en sais. Je tousse. Je flotte sur la crête de réels illusoires. J'écris comme on se ronge les ongles.

30.6.03

Le lundi, toutes les questions laissées en suspens au début du week-end reviennent en force. Le christianisme est-il vraiment une religion monothéiste? Mes antibiotiques seraient-ils des placebos?
Week-end furieux. Fun noir avec Guig Vigneault, Mario, Eric, Marie-Sissi et Claude, tourne tourne le manège, et puis j'ai rédigé une circulaire calculée pour choquer les honnêtes gens, et depuis on s'en désabonne à toute vitesse.



Il mouille, il mouille, bergère...

26.6.03

Les ventes vont bien. Ma dent aussi. On devrait réimprimer sous peu et j'ai mangé un steak de bison sans hurler comme un loup.
Blogger a changé son interface. Plutôt chic. Et les archives s'affichent à mesure.



Lunch avec Turgeon. En apéritif, j'avale du smog à pleins poumons.

25.6.03

Oprah a retrouvé le temps de lire et, partant, le goût de réactiver son puissant book club mensuel. Premier titre retenu: A l'est d'Eden, de John Steinbeck, mon roman préféré. Je le relis chaque année juste pour me mettre en condition d'arriver à la dernière page et de verser une larme quand Adam Trask agonisant lève une main frêle et blanche et bénit son fils Caleb avec ce seul mot hébreu: «Timshel», «Tu peux»...



Publié en 1952, le livre s'écoule à cinquante mille exemplaires par année. L'éditeur vient cependant d'annoncer un nouveau tirage de 800 000. J'aimerais bien qu'on ressorte la mini-série des boules à mites, celle avec Timothy Bottoms.

23.6.03

Voilà! Le chemin de la santé! Steve m'a prêté les sous et j'avale des capsules oranges et noires, tout à fait les couleurs que je choisirais pour le drapeau de la république du Québec.



Tandis que je poireautais à la pharmacie, j'ai pris ma tension artérielle avec une machine automatisée. Il est clair que je vais finir par me péter une veine et branler du chef en attendant ma purée.
Dominique est venue dîner en m'apportant une 24 de la Saint-Jean. Juste le fumet des tortellini faisait pleurer mes dents. Do m'a déposée à la clinique d'urgences, qui m'a fermé au nez pour l'heure du lunch. Suis remonté chez Trait d'union, vaquer à quelques corvettes (petites corvées). Un manuscrit m'y attendait, le second, et dès les premières pages j'ai su que je tenais quelque chose. J'ai fini de le lire en patientant dans la salle d'attente du dentiste, sans prêter attention à la détestable famille de hillbillies tonitruants qui ravageait le mobilier. C'est excitant de tomber sur un texte comme ça!



Le toubib a jeté un coup d'oeil dans mon trou à tarte et s'est précipité sur son calepin pour me prescrire des antibiotiques. Reste plus qu'à trouver dix dollars ou à gober le papier.
Razzia chez Jeunesse au soleil. Maigre butin. Me propose maintenant d'aller mendier des antibiotiques chez la dentiste voisine.
Gueule d'écureuil à l'automne. Gueule de Vito Corleone. Passé la nuit à arbitrer le combat au corps-à-anticorps entre l'abcès et les globules blancs. K. O. technique pour les globules.

22.6.03

Poussé la promenade jusqu'aux nouvelles pénates de Claude. L'était pas là, mais Sarah m'a offert du Pepsi et des bleuets tandis que sa copine lui teignait des reflets dans les cheveux. Quand j'ai toussé, Noa s'est mise à pleurer.
Les cloches de l'Immaculée-Conception m'appellent à toute volée. Envies d'aller à la messe et de m'évanouir dans la touffeur et les vapeurs d'encens.

21.6.03

La tradition se perpétue. Premiers feux d'artifice de l'été au balcon de CGDR. La France en vedette. Le concierge, sa femme et leur nouvelle-née se sont présentés, tout heureux d'être invités: depuis qu'il assure la gérance du building et qu'il doit faire avaler les augmentations de loyer, Colin a l'impression qu'on ne l'aime pas. Moi, je l'adore: il m'a remplacé aujourd'hui le frigo que j'ai crevé d'un coup de couteau en dégivrant le congélateur, et pas plus tard qu'avant-hier il a réparé mon poêle. Si j'avais de la bouffe à refroidir ou à faire cuire, je serais aux petits oiseaux.



Ai dû renoncer au sucre à la crème, pour cause de dent sensible, mais autrement la soirée, passée avec des freaks et des bonnes gens et une petite néo-humaine, s'est déroulée dans la joie renouvelée de vivre à Montréal.