22.2.03

Elle portait une robe gothique en peaux cousues à l'alêne, avec des lanières de cuir. Quand elle replacait une mèche de ses cheveux, c'était pour exposer à mon regard libidineux un triangle affolant de son aisselle nue.



Elle a parlé beaucoup. Beaucoup trop à mon goût. Je n'ai pas ce qu'il faut pour jouer le public passif captif. Ce qu'elle disait m'intéressait, mais pas assez pour abdiquer le contrôle de la conversation. Il faudrait se lever de bonne heure.



Elle a dit: «Je ne pourrai pas coucher avec toi si tu ne changes pas mon nom.»



Je ne lui avais rien demandé, sinon peut-être avec mes yeux, mais je plaidai quand même. «Luana, dis-je, irrité, j'ai déjà changé ton nom. Il n'y a que toi, Kevin, Justine et moi qui sachent que Luana n'est pas ton nom. Pourquoi irais-je donner un pseudonyme à un pseudonyme dans le journal de ma vie? Je ne m'y retrouverai plus dans mes mensonges, et mes lecteurs s'en rendront compte...»



Elle voulait que Luana soit celle qui soupe avec moi, et que l'autre, celle qui couche, s'appelle autrement. J'ai essayé de lui faire comprendre les terribles conséquences que cela aurait pour ce journal: un jour ou l'autre, je serais obligé d'écrire que j'avais soupé avec une fille avant d'en baiser une deuxième et, qu'ayant dormi près de celle-ci, je déjeunais avec celle-là.



C'est une exquise créature, Luana, et ses secrets doivent être doux.

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