18.6.02

Bon, ben, pas moyen de rapporter ces satanés films! Annie a appelé tous les clubs de la ville pour découvrir d'où ils venaient, sans succès.



Là, je l'accompagne à la bibliothèque pour effectuer son inscription. Une île, une ville. J'ai presque envie de pousser vers l'ouest, histoire de tâter de quelques public libraries westmountaises.
Étreinte matinale rapide et sweet. Sorti acheter du lait: deux hassidim venant de directions opposées se pressaient pour arriver à l'heure à la synagogue: le premier a fermé la porte au visage du second. J'ai eu l'impression qu'il lui jouait un tour.



Hier, on a beaucoup jasé du roman en chantier d'Annie, et tout marche rondement, mais je ne peux en piper mot. Je ne peux parler de rien ni personne.

17.6.02

Vais rapporter les films de K au club vidéo, histoire de lui donner un coup de main et d'éviter que ça ne lui coûte le bras dont il aura besoin pour vilbrequiner les trous de vis dans les portes d'armoires qui doivent recevoir les boutons gris que sa grand-mère m'a offerts.
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Le film continue. J'ai renouvelé mon alliance avec la production. Je reviens sous la pluie (encore) et Annie nous touille des pâtes à la pâte de tomates. Elle regarde Eyes wide shut, sage et douce et paisible, tandis que j'admire ses jambes à travers une jupe hippie de coton mince. Let the sun shine in!
Annie m'a rendu responsable d'un peu plus de vie et de beauté: un héliotrope, un bégonia, des pensées plus un peu de verveine, tous plantés dans un gros pot. J'espère me montrer à la hauteur.



Ce matin, rencontre avec les producteurs de mon scénario. Annie me lit des bouts de Julien Vago. Moi, j'essaie de lire mon avenir dans le vol des goélands à ma croisée ouverte.

16.6.02

Soirée d'hier chez Annie, super souper, J-C était de la fête. Aujourd'hui, on rentre sous la pluie et on se fait sécher en regardant un film de gars bien sanglant et chaotique.

15.6.02

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Avec Kevin, on s'est descendu une bouteille de Havana Club en regardant Les raisins de la colère, puis on a commencé à se taper dans la gueule.



Annie est venue m'aider à retrouver mes lunettes et à éponger l'hémoglobine de Madelinot. De la grosse rouge qui tache. J'espère qu'il va bien. En tous cas, j'aurai appris qu'il possède un sacré punch (au rhum).



Tu parles d'un contrat de peinture! Peut-être le perroquet d'hier préfigurait-il ce party de pirates. Yo ho ho et une bouteille de rhum!

14.6.02

Hier, faisant la file à L'Échange de la rue Saint-Denis pour recevoir paiement des livres sacrifiés, je tombe face à face avec Éric Drouin, une cassette de Peter Gabriel à la main. Les yeux dans les yeux, trois longues secondes avant que sa face ne se fende d'un grand sourire. «Je viens d'en fumer un gros, dit-il. C'est pas moi qui te reconnais pas, c'est mon corps!»
Ajouté deux courts chapitres à Origines. L'un traite de clarté d'esprit, l'autre de transgression, et le plus drôle est qu'ils ne figureront pas à cet endroit dans le livre.
En pleine rue Rachel, je viens juste de croiser un bonhomme avec un perroquet vivant juché sur l'épaule, une grosse bête d'au moins trois kilos. La classe!
Mario passe travailler un peu sur ses sites. Il admire le vilbrequin de Kevin, une vieille chose déchue rachetée chez un chineur, de préférence à une perceuse, en hommage à son aïeul qui lui en apprit l'usage. C'était à l'époque où il bâtissait leur nid, à Catherine et à lui.
Aveuglé par le Voir (mauvaise idée de se frotter les yeux après lecture de ce canard-là).



Kevin venu hier pour me préparer un succulent souper et veiller un peu avec/sur moi. On a lu un article à mon propos du professeur Émile J. Talbot de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign. Satisfaisant. Sauf le bout qui parle de Vamp, «bien accueilli par les critiques, même par ceux qui se disaient rebutés par la personne de l'auteur.» Quand je pense à tout ce avec quoi j'ai couché au début de ma carrière pour lancer la machine, toutes ces relations publiques privées, comme une starlette sur le sofa, toutes ces critiques que j'ai bien accueillies, même celles qui me rebutaient... Quand j'y pense, je me dis que ça valait la peine et la tétracycline.



K commence un contrat de peinture aujourd'hui. Quand il est parti, vers 22 heures, la lune s'est encadrée dans ma fenêtre, croissant froid juste pour moi.

13.6.02

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Enfin, il n'est pas inconcevable que [l'état de gr] la grâce, ce fuyant état propre à la vingtaine, ne reviendra jamais que par bouffées intermittentes séparées les unes des autres par des intervalles de plus en plus longs, et que je me sois, en quelque sorte, volé à moi-même mes meilleures années. Cette idée ne laisse pas d'être profondément déconcertante.



page manuscrite de yours truly, gentiment numérisée par son fils. Putain, j'espère qu'il l'a lue en passant.
Traversé le Parc Lafontaine: le lilas commence à puer sérieux.



Au chapitre des choses littéraires, rien à dire aujourd'hui, sinon que les billets d'opéra font d'excellents signets.
Regret, rancune ou nostalgie,

L'amour est une odontalgie.
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En tout cas, ne laissez personne vous dire que L'Elisir d'Amore est une comédie. Pour nous autres, tout au moins, ça s'est fini en drame.



Autre ordre d'idée (peut-être, peut-être pas): que pensez-vous d'un gars qui, sans le savoir, arrose son jardin et se mixe des martinis avec de l'eau mêlée de nitro-glycérine?



12.6.02

Fait l'amour comme on exerce un magistère. Les soupirs de ma douce tout parfumés de miel. Dormi comme une masse.



Ce soir, a night at the opera: on va voir et entendre Elisir d'Amore.

11.6.02

Kevin, lisant le dialogue ci-haut, rectifie: «Je sais que j'ai dit Les yeux grands ouverts au téléphone, au lieu de Les yeux grands fermés. Je le sais. Quand je pétarade, je pétarade, tu peux l'écrire, ça me dérange pas, mais quand je fais pas exprès pour me tromper, bon, c'est pas pareil, par exemple je dirais pas Les raisons de la colère, parce que je sais que j'ai raison quand j'ai tort de me tromper, tu comprends bien que loin de moi l'idée d'intervenir, mais quand même, faut être logique!»



Il médite un peu, se recueille, me fout un (fraternel) coup de pied sur le tibia: «Ben dis donc, j'ai l'impression que je viens de me passer un sapin...»
Kevin trouvait que quelque chose clochait dans le Bunker, sans trop pouvoir préciser quoi. On a cherché, cherché. Finalement, c'était le plancher. Propre.



Chez nous, le plancher colle, d'habitude, et il est terne, et on s'englue les pieds dessus. C'est à cause du style. Le style, il me pisse des doigts.
Reconduisant Annie à sa voiture, croisé une voisine dans la rue: «Bonjour, monsieur l'écrivain! Dites, j'ai besoin d'un conseil. Voilà: j'ai écrit un recueil de poésie que Stanké veut publier, et j'aimerais que nous prenions une demi-heure pour que vous me disiez ce que vous en pensez...»



Lui dis que je ne fais plus ça, pour personne. «Au moins, c'est franc!» lance-t-elle en tournant les talons.



-Attendez! Je vais vous expliquer pourquoi.»



S'arrête, se retourne, fixe le trottoir.



-Vous comprenez, je n'ai rien à y gagner et tout à y perdre. Si j'aime pas ça, je suis tenu de le dire et je perds un ami. Si c'est très bon, je l'ai dans le cul parce que je suis jaloux et que ça m'empêche d'écrire pour le reste de la semaine. Vous comprenez?



Ses yeux, adoucis. «Au moins, c'est franc...»



Et elle continue sa route vers le dépanneur, et je rentre au Bunker, une petite pince sur le coeur.