30.8.04

Ego trip

Mon peuple fait un méchant ego trip à rebours. Envies de décrocher ma canne du mur et de varger à vastes moulinets dans le tas bêlant. En eux, l'humilité n'est plus une vertu, c'est un vice devenu. C'est à qui s'aplatira davantage: des brebis dans un concours de limbo. Je sais des cas qui aiment mes livres mais ne les lisent pas tant ma confiance en moi les insupporte. Je les connais depuis longtemps, nous allions à la petite école ensemble, déjà: fallait prendre soin de n'avancer pas trop vite, de peur de les perdre dans la brume. Foutu paquet de peaux molles, charognes de zombis, sépulcres blanchis!

26.8.04

Fantasme

Si le bon diable me prête vie, et si les anges reviennent se percher sur mes épaules pour me soupirer quoi écrire aux oreilles, je ferai pour elle un livre de lumière.

VOIR

Marie Hélène Poitras signe un intéressant papier (L'écrivain et son blogue ) dans le Voir d'aujourd'hui.

Voici le compte-rendu intégral de notre échange cyberépistolaire.


MHP: Depuis quand tenez-vous un blog, un journal d’écriture sur le web?

CM: Ma première entrée remonte au 31 mars 2002, dimanche de Pâques.

MHP: De quelle nécessité cet engagement a-t-il vu le jour?

CM: Celle de communiquer sans me battre physiquement et, paradoxalement, celle de régler des comptes avec le monde, d’agir directement sur lui, sans intermédiaires. Un soir, en proie à un profond désarroi, j’ai marché jusque chez mon fils, j’ai jeté son co-loc dehors, on s’est installés en famille dans un coin du foutoir et j’ai vidé mon sac en attendant la police, j’ai chialé comme un gosse, puis mon kid m’a parlé doucement de je ne sais plus quoi, sauf qu’à la fin j’avais décidé de me brancher.

MHP: Pourquoi écrire un journal « on line » et non pas tout simplement un carnet fermé? Désir de dévoilement?

CM: Je suis écrivain. Publier ce que j’écris m’est naturel. Demande-t-on au castor pourquoi il érige des barrages avec le bouleau qu’il abat?

MHP: Est-ce que cela nourrit votre pratique d’écriture, si oui en quoi, ou est-ce quelque chose qui se fait en parallèle de votre univers romanesque ou poétique?

CM: J’ai résolu ce problème en considérant le blog comme un livre à part entière; la première année, je l’ai bâti comme un roman, privilégiant quelques personnages forts et récurrents, fignolant la chute. Puis, je l’ai publié sur papier en l’intégrant à mon cycle romanesque. Ça a fait râler.

MHP: Est-ce que votre lectorat du blog diffère de celui qui achète vos livres?

CM: Le premier est aussi le second, mais pas l’inverse. J’estime qu’un dixième de mon lectorat-papier est aussi visiteur assidu de mon blog.

MHP: Quelles dispositions est-ce que ça demande, le fait de tenir un blog?

CM: Un engagement, comme tu l’as si bien dit. Au début, c’est fiévreux, puis la température baisse. D’une part, c’est addictif, d’autre part il arrive qu’on veuille fermer boutique. Ceux qui se lancent avant d’avoir répondu aux questions essentielles ne durent pas. Qui écrit (de toutes nos personnalités)? Pourquoi? Pour qui? Quelle sorte de rapport est-on disposé à entretenir avec le lectorat? Va-t-on lui permettre d’intervenir ou pas?

MHP: Diriez-vous que le blog est au roman ce que la télé-réalité est au télé-roman?

CM: On l’a suggéré dans le cas de mon livre Vacuum. On a parlé de roman-réalité. J’ai trouvé ça intriguant, sans trop savoir ce que j’en pense.

MHP: Patrick a déjà annoncé qu’il s’écœurerait un jour, et qu’alors il lâcherait tout…
Avez-vous déjà eu l’envie d’abandonner votre blog? Craignez-vous devoir l’enterrer avant de mourir?


CM: Patrick est rusé, c’est un écrivain professionnel qui a étudié les erreurs de ses prédecesseurs qui se sont pétés la gueule sur un monceau de promesses. Il sait qu’il ne faut pas en faire. Par ailleurs, j’espère vivre plus longtemps que la forme du blog, qui est transitoire comme tous les outils révolutionnaires.

MHP: Avez-vous une éthique de blogueur, y a-t-il des choses que vous n’oseriez écrire, trafiquez-vous les noms de ceux dont vous parlez? Y a-t-il une limite, une ligne que vous ne franchirez pas?

CM: Bien sûr. Qui n’en a pas? Longtemps, j’ai eu en exergue du blog une citation de Joyce : «Il faudrait pouvoir tout dire». On ne m’a jamais demandé de préciser, et il va de soi que je ne l’aurais pas fait.

MHP: Est-ce que vos lecteurs réagissent et vous écrivent?

CM: Ceux qui sont assez malins pour dénicher mon adresse le font. Je publie sporadiquement une circulaire à laquelle ils peuvent s’abonner gratuitement, et mon site officiel comporte un Forum très vivant. Au bout du compte, je corresponds régulièrement avec quelques-uns d’entre eux, quand mon histoire d’amour m’en laisse le temps. Mon histoire d’amour avec une blogueuse. Nous nous sommes découverts par ce biais l’an dernier. Je ne me souviens plus qui a écrit à l’autre en premier.

MHP: Quand, dans la journée, vous installez-vous pour alimenter votre blog?

CM: C’est comme aller pisser : quand l’irrésistible envie prend. Ou que le besoin se fait sentir.

MHP: Y a-t-il des règles tacites liées à l’expérience, et ici je m’adresse tout particulièrement à Christian, qui tient ses Quotidienneries depuis des lunes.

CM: Le blog est fascinant pour ça : les règles s’élaborent à mesure, l’univers est en expansion et si des lois le régissent, on ne les a pas encores découvertes.

MHP: Qui sont vos blogueurs-modèles?

CM: Je n’en ai pas.

MHP: La question à dix piastres : est-ce que ce que vous écrivez sur le blog est de la littérature, au même titre que ce que vous publiez dans vos livres?

CM: Assurément. À preuve, la paye est aussi pourrie. Dix piastres?

MHP: La chose la plus surprenante qui vous soit arrivée dans votre expérience du blog.

CM: Rencontrer Sakurako.

23.8.04

Carburer

Livré un texte à McComber pour un prochain numéro de Moebius. M'a paru très, très content. L'ennui, c'est qu'il m'en a coûté soixante-cinq dollars de carburant pour en gagner vingt. La littérature de haut vol est un sport ruineux.

17.8.04

Grand cru

Non, je ne parle pas de moi.

C'est de bagosse qu'il s'agit, à base de miel et de raisin blanc, tout un gallon, gracieuseté de Kevin, maître-brasseur. Ça fesse en chien. Titré à 20, 25 pour cent. Moelleux en bouche, un régal pour le palais. Je me soûle piane-piane, à petits galopins où viennent se noyer un moucheron après l'autre. J'y trouve mon compte de protéines.

Sophie sait toujours aussi bien m'aimer. Toujours mieux, toujours plus. Sa devise: Too much is never enough. On plane. La vita e bella.

14.8.04

Comptables et Petits Villages

Laverdure me refile le nom d'un comptable qui aime et sauve les écrivains du grand méchant gouvernement. Paraît que lui-même, Tony et Marie-Hélène n'ont eu qu'à se féliciter de l'avoir consulté. À voir.

Parlant de Bertrand, il vient tout juste de me révéler qu'il tient un blog depuis l'an dernier. Expérience intéressante et diablement originale: «Tout ça est assez rudimentaire, mais l'intéressant, dans ce projet, c'est qu'il suit, comme un log book de capitaine, toute la traversée éditoriale, toute l'aventure que représente la création d'une maison d'édition (aussi miniature soit-elle), semaine après semaine, englobant les discussions avec les auteurs, les prises de position éditoriales et les commentaires de l'éditeur sur le dossier de presse qui se constitue, petit à petit.»

13.8.04

O Canada!

Quand le gouvernement fédéral a une idée en tête, il ne l'a pas dans le cul. Le fric qu'il me refuse de la main gauche, il me le réclame de la droite. Main gauche, main droite, outils de strangulation. Coup au foie, uppercut au menton... Mon éditeur m'informe que l'Agence des douanes et du revenu le somme officiellement de retenir mes droits d'auteur jusqu'à concurrence de 3 184 $. Sous prétexte que je n'ai pas produit de rapport d'impôts depuis vingt-cinq ans. C'est pas ma faute, j'ai pas eu le temps, j'allais m'y mettre justement, pas de farce!

11.8.04

Fatalis

Fatalis, mon livre-poème, est finalement disponible à nouveau, republié en ligne par la Fondation littéraire Fleur de Lys.

9.8.04

(Vlan!) Dans les bourses...

Dans sa grande sagesse, le Conseil des Arts du Canada vient à nouveau de me refuser une bourse.

Je ne dirai pas que ma vie en dépendait, ni mon bonheur avec Saku: ce ne serait pas vrai. Mais enfin, c'eut été bien de pouvoir payer le loyer, garnir le frigo, acquitter les factures de câble, d'internet et de téléphone, rembourser mes amis, éponger les frais de scolarité de mon fils, emmener ma blonde à Bordeaux, sauver mes incisives supérieures au moyen d'un traitement de canal, écrire en quiétude...

6.8.04

Soirées provençales

Hier, visite de cousin JF Moran avec de nouvelles moutures de chansons dans son sac à malice, dont Vers à soie que j'ai écrite pour lui et que j'offre aujourd'hui en primeur à mes lecteurs.

Saku et moi faisons du mois d'août un festival provençal improvisé. Nous passons nos soirées, entre deux étreintes passionnées, à visionner de vieux films de Pagnol et à nous lire à voix basse des Lettres de mon moulin. Le temps file, zou! je vous dis pas...

4.8.04

La fin du début

J'ai mis la dernière main au chapitre 10 de Goth, m'acquittant ainsi de mes joyeuses obligations envers le journal ICI. Bouclé en beauté, torché une chute puissante, ouverte et fermée à la fois. Suis si content d'avoir fini: Sophie et moi allons fêter ça avant que je ne réalise que je ne fais que commencer.

Allant faire le plein au dépanneur, j'entends la petite fille du rez-de-chaussée m'interpeller gaiement de sa fenêtre: «You're the guy who writes books!»

Yes. I guess I still am.

2.8.04

Nécessité récurrente

Il en est qui diraient, certains déjà disent que j'ai laissé un imbécile en sang hier sur le gazon des Catacombes, en plein centre de la cour de création. Qui dira mon dégoût de la violence et de sa nécessité récurrente?

30.7.04

29.7.04

Écran de fumée

Hier, feux d'artifice de clôture du festival (de feux d'artifice). Jean-Christian est venu. Avec Sophie, on est montés chez Christian-Gilles, qui a vue sur le sud. Quatre personnes dans le noir sur le balcon, trois Christian: mélangeant. CGDR a déménagé du 10ème au 8ème pour accommoder les projets hôteliers du propriétaire: la perspective sur le port en souffre. Anyway, le smog était si gras qu'on n'a pas vu grand-chose à part des lueurs bibliques stroboscopiques. Ça a donné le goût à Saku de danser pour moi, danser une danse de banshee concupiscente sur un air de Donna Summer en boucle.

Mardi, croisé Nathalie Rochefort à L'Esco. Obtenu sa permission d'utiliser son nom dans un épisode crucial de Goth, celui où elle invite des jeunes de la rue lors de son assermentation à l'Assemblée Nationale. J'espère qu'elle s'en souviendra: la rouge était plutôt joyeusement grise ce soir-là. Moi-même, n'ai-je pas oublié de souligner que Tony Tremblay nous a payé une tournée de shooters de Tequila?

28.7.04

Damon et Pythias

Kevin me manque. Pas trouvé le moyen de l'empêcher de se tuer à l'ouvrage.

Passé à L'Escogriffe hier avec Sophie. Peluso s'y produisait, puis Nick Landré, chacun interprétant une mienne chanson. Claude, une fois n'est pas coutume, est venu encourager son cousin. La place était pleine. J'ai toujours aimé cet endroit, à travers ses changements de nom, depuis qu'à quinze ans j'y voyais Gilbert Langevin monter sur les tables et délirer solide. Hier, Richard Gingras (le libraire du Chercheur de Trésor) et moi l'avons évoqué, puis on a causé de Kevin, un si bon client, et de la Bible en images.

27.7.04

Resistance is futile

Le speech de Barack Obama à la convention Démocrate fait rêver: on entrevoit peut-être le premier président black des Youessé. Le type n'est pourtant qu'un aspirant au Sénat, sans adversaire Républicain parce que Seven of Nine n'a pas voulu sucer son mari à Paris.

25.7.04

L'éléphant, l'ours, le dragon...

Sophie et moi, le dragon de sa fesse et l'ours de mon coeur, sommes allés à la messe. Dans un lieu où débarqua Jacques Cartier, en une église où pria Champlain. Ma famille, toute ma famille, venue de partout au Canada, sauf mon fils qui ne vint pas, se rassemblait en mémoire de l'éléphant, Hector, mon grand-père, mort il y a vingt-cinq ans. Après un somptueux repas au château de ma mère, nous sommes allés à Saint-Marc nous recueillir sur la tombe du patriarche. Au retour, nous avons fait l'amour avant de regarder tantôt Jean de Florette, tantôt nous-mêmes dans le miroir, la vaste glace engoncée dans un cadre de style colonial que CGDR nous a cédée en déménageant.

24.7.04

Générations

«They say time is the fire in which we burn»

Malcolm McDowell (Dr Tolian Soran)
Star Trek: Generations