16.7.03

Le postillon était porteur d'heureuses nouvelles, ce mercredi. Le genre de nouvelle qui réjouira mes créanciers. Et mes lecteurs. Et les peddlers de paradis.



Le projet Goth n'était hier encore qu'une proposition; ce soir, c'est devenu un engagement. Je l'aurais écrit de toute façon, mais il y aurait eu davantage de scènes comprenant du macaroni au fromage.
J'ai consacré une partie de la nuit à fignoler une circulaire, soignant chaque détail avant d'appuyer sur SEND, et quand je l'ai finalement fait, ce fut pour m'apercevoir que le site intermédiaire l'avait acheminée tout croche. Quelques centaines d'abonnés vont s'éveiller ce matin et me lire en pensant que j'ai perdu la raison.



Je ne peux les joindre tous à temps pour rectifier la situation, mais je n'aurais pu non plus aller dormir sans avertir, sans divertir, sans essayer de m'en sortir(!...).



C'est pourquoi j'inclus le lien ci-dessus vers le texte entier, et que je vais me coucher.





15.7.03

Ce site connaît une telle chute de fréquentation depuis le début des mythiques vacances de la construction que j'en viendrais presque à imaginer mon lecteur-type sous les traits d'un soudeur de charpente qui siffle les mignonnes à l'heure du lunch.
Succulente soirée à Pointe Saint-Charles. Auparavant, on est passés à Saint-Henri chez Diane, la récente amie de Hans, afin d'aller déposer ses deux huskies aux yeux blancs. Elle habite une petite rue étroite au pied de la montagne dont les maisons semblent tout droit sorties de Bonheur d'occasion.



Chez Marlène et Bruno, ma surprise fut totale. Pas tant le loft immense jonché d'oeuvres d'art en développement (dont des assemblages de bouteilles d'Amaretto équarries, formant des espèces de châssis en verre dépoli: la matière première provient du bar du casino où Bruno officie, six cents flacons en tout), que la cour intérieure, vaste, forestière, pratiquement le Paradou de Zola, où la nature avait repris ses droits, défonçant le revêtement d'asphalte. Partout, des sculptures de fer corrodé montaient la garde comme autant de spectres métalliques dans la pénombre. On a soupé de pizzas faites maison dans ce décor champêtre et tribal, au milieu des moustiques qui se repaissaient de nous malgré les torches qui nous éclairaient/voilaient en répandant une fumée huileuse.



J'ai pu mesurer le succès de l'intervention mammaire quand Marlène et moi sommes allés acheter des cigarettes. Mon amie ayant demandé des allumettes au type du dépanneur, il s'est empressé de lui en fourrer douze cartons dans la main. Douze!



Au retour, frère Hans et moi, on chantait Let the sun shine in à tue-tête dans la bagnole équipée d'un pare-brise tout neuf, et je contemplais les étoiles à travers le toit-soleil. Diane, partageant la banquette arrière avec ses chiens, se massait les tempes en souriant douloureusement.

14.7.03

Marlène est remontée de Floride, le temps de se faire augmenter les seins. Ce soir, Hans passe me prendre et on va souper avec elle chez son nouveau galant. Histoire de se rendre compte de visu si ça fait une grosse différence. Je soupçonne qu'elle ne pourra plus s'insinuer dans la robe bleue lamée qu'elle portait quand je l'ai rencontrée, et qu'elle a conservée. En ce temps-là, elle sortait avec Dan et servait du scotch dans un bar du Vieux. Ca pourrait faire cent ans.
Songé un horrible songe. Léo. Je le revoyais et il refusait de m'adresser la parole. Puis, Marie-Françoise: à peine moins pire. D'autres, enfin, tout un défilé aux visages indistincts. La nuit comme un long, absurde et cruel procès.

13.7.03

Kerouac n'a pas été le seul écrivain franco-américain à révolutionner les années 50. On oublie trop souvent (Marie) Grace (de Repentigny) Metalious, l'auteur de Peyton Place: huit millions d'exemplaires vendus, davantage que Gone with the wind. Le Canada en avait interdit l'importation...



Elle est morte à trente-neuf ans d'une cirrhose du foie, dans la misère et l'alcool bon marché.
Les feux du Portugal faisaient dur. On aurait dit l'exposition d'un savoir pyrotechnique pré-Marco Polo, la technologie de la Lusitanie. Musique pop et sirop. Suis parti avant la fin.



J'avais monté une assiette de pâté à CGDR, qui me l'a rapportée nettoyée vers minuit. Lui, très ému: «T'es le seul qui ait jamais fait ça pour moi dans le building...»



Faut croire que j'étais bien tombé, cette fois.

12.7.03

guig.gif



L'autre soir, au dépanneur, quand Mario m'a fait remarquer que la photo de Guillaume en couverture de L'Actualité (à l'intérieur, on trouve un portrait puissamment brossé de Montréal telle qu'elle peut se frotter au poitrail d'un homme) était une pièce montée au Photoshop, je me suis rebellé: Guig ne m'aurait jamais menti, et il m'avait affirmé avoir passé deux heures à Dorval pour obtenir la bonne prise...



J'ai dégainé mon cell et j'ai appelé Guig: à travers les bruits de fond du bar où il faisait bombance, je l'ai entendu confirmer l'altération: à l'intérieur du magazine, cependant, il n'y a pas de triche.



Il a ajouté qu'il venait de parler avec Marie-Sissi, laquelle l'avait appelé pour étoffer son article de fond sur ma pomme. «J'ai été fair», il m'a dit. Fair. Pour lui ou pour moi? J'ai grincé des dents. Et s'il gardait les bons morceaux?



Hans vient de m'appeler, après avoir conversé une demi-heure avec MSL, et je suis rassuré. Hans et Guig se sont toujours contrebalancés dans mon existence, dans mon coeur et mon esprit, même et y compris le soir où ils m'ont sauvé la vie.



Invité Hans à partager mon pâté chinois (purée patates et carottes). Se trouve qu'il participe à un triathlon demain. Un triathlon? Un triathlon. Juste l'épeler, ça m'essouffle.



Invité Guig. «Sorry, qu'il s'excuse, je suis déjà en route vers un autre souper. Raincheck?»



J'ai réalisé qu'il me causait en conduisant.



«T'es pas fou? Tu te rends compte de ce qu'on me ferait, s'il t'arrivait quelque chose au volant pendant que tu me parles?»



Il a rigolé; il a lâché, nonchalant: «Ca serait bon pour toi!»



Putain de merde... J'aurais le coeur brisé à vie pour cet imprudent qui s'imagine que j'ai besoin qu'il crève pour me faire une réputation.



«J'ai mis des carottes dans les patates», ai-je ajouté, découragé. Il a dit, très cool: «Oui, moi aussi je fais ça». Capable de me contester jusqu'à mon pâté chinois.



Mario est passé me porter du tabac. J'étais à la bibliothèque. Merci du fond des poumons.
Beau samedi maussade, parfait pour rattraper le temps perdu cette semaine, puis le doubler.

11.7.03

Mal aux cheveux. Hier, dégustation de Black Bull avec Mario, qui avait les pieds ronds en rentrant à Longueuil. On fêtait l'obtention de son (second) permis de conduire...

10.7.03

Les pauvres ont grise mine parce qu'ils lessivent leurs fringues pâles et foncées en une seule brassée.
Indice d'insatisfaction à la hausse: les ventes d'alcool au Canada augmentent pour la quatrième année consécutive. En tête: le Québec et le Yukon. Le Yukon!

9.7.03

1900, mon film favori de tous les temps: une grossière et superbe algarade communiste, et Depardieu et De Niro, et Olmo sauvant la vie d'Alfredo, né en même temps que lui, en affirmant que le patron est mort. Juste le genre de symbolisme taillé à la hache qu'on reprochait à Steinbeck. A la fin, ils se tiraillent comme les vieillards dans un film de Dom Camillo...



Ce qui est toujours surprenant, évidemment, c'est que les acteurs n'aient pas vraiment vieilli ainsi que se le représentait le maquilleur. Je ne sache pas non plus que les logiciels de vieillissement virtuel du FBI, destinés à identifier d'anciens fugitifs, connaissent un grand succès. Le fait est qu'on ne sait pas ce qui s'en vient, et que notre face en est la première surprise. Exception à la règle: en regardant la mère, on a une assez bonne idée d'à quoi ressemblera la fille.
Lunch avec Turgeon et ma trouvaille pour Graal, venue spécialement de l'Ile d'Orléans pour prendre langue.



Souper avec mon père et mon fils, moi dans le rôle du Saint-Esprit.



Entre les deux, bocks à la terrasse d'une brasserie. Une belle blonde passe, traînant une voiturette chargée de toiles et de chevalets. Me fixe, s'arrête. «Tu es l'écrivain?» fait-elle. «Ca m'arrive», je réponds. «Moi, je peins. Des portraits. Sur Prince-Arthur. Oh, je veux te FAIRE! Viens, viens avec moi. Que je te FASSE!»

8.7.03

Me suis finalement résolu à faire venir un technicien de Vidéotron, avant la prochaine grève. Mon modem ne sait pas que celle-ci est finie. Anyway, j'en ai eu pour mon argent: ça ne m'a rien coûté. Il va faire un rapport...
Réalisé le second volet de mon entretien avec Marie-Sissi. Ou du sien avec moi, c'est selon. Ce coup-ci, sa beauté soufflante m'a aidé à me concentrer plutôt que de m'en empêcher. Marrant: j'ai beau cultiver le recul, on n'en a jamais assez. Preuve en est que jeune fille, m'apercevant dans la rue, elle me suivait à distance. Pas de danger que j'aurais regardé derrière moi. Aujourd'hui, je parie que c'est elle qu'un jeune homme suit.



XYZ a réédité Vautour dans sa collection de poche et m'offre gracieusement les 137 exemplaires restant dans la collection Typo. Vais faire des cadeaux. Tu parles d'une aubaine! 137 copies de mon meilleur roman!
Une perle subsiste

Sur le souvenir de ta joue

Je ne sais l'effacer

Au retour des plongeons

Dans le rêve où je nous

Retrouve

Une perle persiste

Un petit océan

De sel et de regrets liquides.

6.7.03

Les forces de l'ordre s'en sont donné à coeur joie cette nuit, en armures de plexiglas, à expulser du parc Lafontaine la centaine de manifestants qui y avaient planté des tentes pour réclamer des logements sociaux. Dans le ciel, cependant, des millions partaient en fumée d'artifices.

5.7.03

Bertrand est passé juste à temps, entre deux rendez-vous galants, pour qu'on monte assister aux pétarades italiennes émouvantes chez CGDR. La voix de Domingo, illuminée, m'a fait frissonner les omoplates.