30.1.03

Brouillard sur la ville. Nous arrivons sur l'autre versant de l'hiver et glisserons jusqu'à la renaissance.



Une méchante fébrilité m'étreint, je tourne dans le Bunker comme un félin encagé. Patience et longueur de temps.



Adieu miss Janvier, demain vous vous éteindrez dans toute votre froide beauté, déjà le choeur des vocératrices s'assemble pour vous pleurer...

29.1.03

TQS, fidèle à elle-même, annonce une entrevue avec Robert Gillet au cours de laquelle «il révélera qu'il se sent traqué par les médias!» Comment la journaliste a-t-elle obtenu cette exclusivité? En l'attendant à la sortie d'un restaurant.



Paranoïaque, va.
Retour de la Centrale. Ai failli emprunter un bouquin sur le diabète, puis me suis ravisé. Pour les histoires de peur, j'aime encore mieux Stephen King. Me suis rabattu sur le livre de Neil Sheehan à propos du Vietnam et une anthologie de six pièces par Jason Sherman.



Avant de m'y mettre, vais préparer une tarte au citron. Recette piquée par Kevin à Josée di Stasio. Once we were warriors...



Retourné voir Bertrand Laverdure pour récupérer mes originaux et lui annoncer que j'ai commencé la préface à Faciès. Robert Giroux songe à y inclure quelques poèmes de jeunesse, à condition que je les annote, ce qui doit vouloir dire qu'il faudra que j'explique pourquoi ils ne sont pas bons. Demanderai peut-être à Bertrand de m'aider.
J'ai chargé mon nouveau Motorola mignon à bloc, vingt-quatre heures durant, puis j'ai inséré la puce, puis j'ai mis le jus, pour m'apercevoir que Rogers AT&T m'a débranché pour non-paiement. Les escrocs qui m'ont vendu le contrat et qui réparent mon appareil depuis deux mois devaient faire suspendre la facturation, mais z'ont dû oublier.



Allez donc essayer, après ça, d'être plus communicatif!
Soirée pépère avec Kevin. On a laissé une couple de quilles nous rentrer lentement dedans. Il repeinture la même cabane de rupins pour la cinquième fois. Un oncle de ses clients, juif orthodoxe, lui a commandé une grande toile représentant Moïse, version Charlton Heston, effectuant la partition des eaux de la Mer Rouge. Pas si orthodoxe que ça, en fin de compte. Le décalogue est clair là-dessus: «Tu ne feras pas d'image taillée, ni aucune image de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au dessous de la terre.»

28.1.03

Reçu mon nouveau téléphone "reconditionné" par Purolator. Tanné d'attendre qu'on répare l'autre.



Passerai voir BL à 13:30 pour lui remettre les textes de mes chansons inédites, une cinquantaine environ. Le laisserai séparer le bon grain de l'ivraie. Songe à Faciès comme titre du recueil. Quant au titre générique de mon prochain cycle (comme Vortex Violet pour le premier), inauguré avec Goth, ce sera Gala Gitan. Beaucoup d'étiquettes pour des boîtes qu'il ne reste (!) qu'à remplir.

27.1.03

Je ne sais pas trop par quel bout attaquer Goth. Pour tout dire, je ne me suis pas encore fermement engagé envers moi-même à l'écrire. Ni envers moi-même, ni envers le livre. Mais je vais faire quelques esquisses. L'idée m'est venue d'utiliser ces petits tests de personnalité plus ou moins sérieux en guise de tampons, sporadiquement saupoudrés à travers le récit: Generoso, mon protagoniste, pourrait s'y révéler assez efficacement il me semble, voire s'y trahir. Sekhmet se charge de m'en trouver.

26.1.03

Je m'y attendais, et il a probablement raison: BL voit plus de fange que de furie dans mon recueil, ce qu'il appelle joliment du «dix-neuvièmisme». Y voit de la valeur pour les exégètes. Mais on va vraisemblablement s'entendre et trouver le moyen de publier un peu de poésie quand même, sur un lit semé de chansons.



Envoyé le manuscrit de Vacuum (le Journal) à maître Vanasse.

25.1.03

Bon, eh bien, le hiatus n'aura duré qu'un peu plus de seize heures. J'ai remis de l'ordre dans mes idées, et planqué quelques détails dans un fichier à part. L'épaule reprend contact avec la roue.
J'ai résolu d'interrompre cette publication pour un temps. Il se trouve, et j'en suis le premier surpris, que les événements qui convergent vers moi depuis peu ne sont pas de ceux dont je peux faire état au grand jour. Leur nature, importante à mes yeux, réclame pourtant que j'en prenne acte, autrement ceci ne serait plus un Journal. Il s'agit essentiellement de l'intimité de personnes qui me sont chères, ainsi que de certaines réflexions que je souhaite approfondir en privé sur la suite des choses... J'aviserai les abonnés de la Circulaire de mon retour.

24.1.03

Ma mère doit dorénavant songer au sucre, et m'exhorte à faire de même.
Pete Rose serait près d'avouer qu'il a effectivement parié sur des matches de baseball, ce qu'il nie depuis 1989. Une confession abjecte accompagnée de remords, de bons vieux aveux bien soviétiques, sont la condition sine qua non de son admission au Temple de la Renommée. Sa légende? Ses zillions de coups de circuit? Rien de cela ne vaut tripette. La méritocratie a deux visages, l'adulte et l'infantile: en Amérique, là où l'homme recevait selon sa valeur, il n'est plus désormais qu'un garçon grapillant les miettes de son dû, le dos rond, la bouche contrite.
Le 20 juin 2000, la NASA laissait filtrer que Mars avait peut-être déjà contenu, voire contenait peut-être encore, de l'eau. Hier, on apprenait que Bush s'apprête à consacrer des subsides à hauteur d'un milliard au développement de la propulsion nucléaire: il devrait l'annoncer lors du discours sur l'état de l'Union. Aujourd'hui, La Presse rapporte mine de rien que Mars est plus riche en eau que la Terre, rien que ça. Selon deux Français obscurs issus d'un institut nébuleux, ô ma crasseuse ignorance, lesquels ont découvert une météorite martienne pleine de preuves qu'abonde la flotte enfouie profondément dans les entrailles de la planète rouge. Ça sent le conditionnement social à plein pif, ça pue la manip, ça schlingue la carotte qu'on agite sous les naseaux de l'âne bâté, ça fleure l'histoire plantée depuis Langley.
En terminant les deux strates de succulent chocolat belge que ma soeur m'a offert à Noël, j'ai conservé la boîte de métal et l'ai remplie de biscuits au gingembre. J'en mange deux ou trois le soir avant de me coucher, avec un petit verre de lait, et ça me rappelle le boulevard Octogonal de mon enfance, dans la cuisine de grand-maman. Je dors comme un chérubin langé de frais.



Kevin est dans la lune depuis dix jours, peut-être vingt. Il y cherche son roman, quelque part au sud du cratère Cauchy, sur la rive orientale de la mer de la Tranquillité.

23.1.03

Le sauvage écho de mon frigo a retenti jusqu'aux Trois-Pistoles, et un chèque charmant est tombé dans ma boîte à malle, cependant que Justine m'apportait de la bibine et repartait avec mon scénario. Mouvance et rock & roll. Passé prendre Kevin en sortant du bureau de probation. L'ai ramené partager la bombance.



La réunion du comité, ce matin, s'est soldée par une décision qui, sans être mauvaise pour moi, me place néanmoins dans une position difficile. Je n'aurais pas dû évoquer le prochain roman, mais ça n'aurait vraisemblablement rien changé. Il y a toujours un prochain roman. Enfin, j'ai de la jonglerie et des calculs à faire.

Mon frigidaire est un temple tout entier consacré au culte du bicarbonate de soude.
Michael Caine sur pourquoi il a cessé de boire: «Because fat drunks don't get the girl. That's why they're fat drunks.»

22.1.03

Je connais de plus en plus de gens, âgés de vingt à quarante ans, qui n'ont plus d'appartement. Terrifiante perspective.

21.1.03

Coup de fil d'Hélène. Elle a encore plus aimé la deuxième partie de Vacuum, plus réflexive, moins anecdotique. Entend pousser fort lors de la réunion du comité de lecture jeudi. Me demande de l'appeler en après-midi «si j'y pense». Je ne pense guère à autre chose, ces derniers temps, mais à ce moment-là, je serai dans le bureau de mon agent de probation.



En classant des vieux papiers, retrouvé un début de pièce polar qui date de quinze ans. Quarante et quelques feuillets. Vais peut-être m'y remettre.