19.1.12

Ian Davidson

Combien de gens se suicident-ils en se tranchant la gorge? Combien d'hommes? Combien d'hommes de culture policière?

16.1.12

Ce qu'on cherche et ce qu'on trouve: 2

Sérendipité.

emotion inventifve...

Ceux là doncques, ainsi comme dit Hieronymus, font ne plus ne moins que les couards et chetifs chiens, qui mordent bien les peaux des bestes sauvages, quand ils sont à la maison, et leur arrachent bien les poils, mais ils ne touchent point à elles aux champs. Au reste, je conseillerois à ces autres-là qui sont d'entendement tardif, que retenans les principaux points du discours, ils composent eux mesmes à part le reste, et qu'ils exercent leur memoires à trouver le demourant: et que prenans en leur esprit les paroles d'autruy, ne plus ne moins qu'une semence et un principe, ils le nourrissent et l'accroissent, pour ce que l'esprit n'est pas comme un vaisseau qui ait besoing d'estre remply seulement, ains plus tost a besoing d'estre eschauffé par quelque matiere qui luy engendre une emotion inventifve, et une affection de trouver la verité. Tout ainsi doncques comme si quelqu'un aiant affaire de feu en alloit cercher chez ses voisins, et là y en trouvant un beau et grand, il s'y arrestoit pour tousjours à se chauffer, sans plus se soucier d'en porter chez soy: aussi si quelqu'un allant devers un autre pour l'ouir discourir, n'estime point qu'il faille allumer son feu ny son esprit propre, ains prenant plaisir à ouir seulement, s'arreste à jouir de ce contentement, il tire des paroles de l'autre l'opinion seulement, ne plus ne moins que lon fait une rougeur et une lueur de visage quand on s'approche du feu: mais quand à la moisissure et au reland du dedans de son ame, il ne l'eschauffe ny ne l'esclarcit point par la philosophie. Si doncques il est besoing encore de quelque autre precepte pour achever l'office d'un bon auditeur, c'est qu'il faut qu'en se souvenant de celuy que je viens de dire, il exerce son entendement à inventer de soymesme, aussi bien comme à comprendre ce qu'il entend des autres, à fin qu'il se forme au dedans de soy une habitude, non point sophistique, c'est à dire apparente, pour sçavoir reciter ce qu'il aura entendu d'ailleurs, mais interieure et de vray philosophe, faisant son compte que le commancement de bien vivre, c'est estre blasmé et mocqué.
Plutarque

10.1.12

Ce qu'on cherche et ce qu'on trouve: 1

La maudite patente à gosses de convertisseur numérique pour oreilles de lapin m'a fait louper la moitié du premier épisode de RBO 3.0 hier soir, consacré à la pub; j'allais le visionner sur le site à l'instant, car en effet on y propose maintenant l'intégrale, sauf que c'est l'intégrale d'un prochain épisode, dédié à l'information, qu'un chouette étourdi a mise en ligne. Grouillez-vous d'en profiter avant que quelqu'un s'en aperçoive: ça ne restera pas là longtemps.

J'espère que l'étourdi ne sera pas trop sévèrement réprimandé: z'entendent pas à rire, businesswise, RBO. Ni Stéphan Bureau.

31.12.11

Let it be

À tous les beaux écorchés de cette Tribu, une bonne et heureuse, une fertile et féconde année bien riche et bien sentie, exempte de soucis...

23.12.11

L'esprit des Fêtes (b)

En plein pendant que je rédigeais le passage du précédent billet ayant trait aux nouveaux Tribaux, v'là que Ginette Desmarais nous rejoignait. Or, figurez-vous que cette poétesse, auteure-compositrice-interprète, joue du mélodéon itou, et sait reeler. En plein temps des Fêtes! On n'avait pas encore de reeleuse, que je sache!

Alors, comme je disais, peu importe l'automne à l'origine du montage tantôt, et peu importe l'été quand fut enregistré le clip suivant: Blue, tous vous autres amis d'ailleurs, ça c'est la musique qu'on se joue à cette époque-ci de l'année.

Bienvenue, GD.

L'esprit des Fêtes

C'était en 2010, et c'était l'automne, mais ce soir-là je me sentais comme à Noël et au Jour de l'An réunis: revoir le montage me remet dans l'esprit.

Il manque Mac, et Butch, et Plum est parti, et MakesmewonderHum n'est pas arrivé, et on a de nouveaux Tribaux depuis, et y a pas JohnnyBee ni Kevin, ni Lorka, ni Véronique, ni Rain, y en a qui y sont mais ont changé de nom...

C'était le lancement du roman de Sandy, Les corpuscules de Krause, et le show de Masataq, et la visite en coup de vent de Blue, et l'assemblée tribale.

Anyway. Makes me feel good, so there. Ceci tiendra lieu de meilleurs voeux, de moi à vous, belle et terrible Tribu, sweet engeance de sauvages. Tas de ploucs.

OUI, MAIS!... Bourgault pour aujourd'hui, quarante ans après


19.12.11

Sans titre


Y a pas de poésie en prison 5.22'
Texte: Christian Mistral - Musique: Michel Rivard
Arrangement à cordes: Stéphanie Collerette

Tiré de l'album 






On est lundi. Ça va encore. Z'êtes libres? Moi aussi. C'est une belle chose, la liberté. Invisible mais belle, comme l'oxygène: on ne les remarque pas à moins d'en manquer brusquement. Comme une femme qui s'en va sans qu'on n'ait rien vu venir, aussi; ça ressemble un peu à ça. On vit avec sans la voir, un jour elle part, soudain y a qu'elle partout où qu'on regarde dans la piaule vide, et si on ferme les yeux très fort pour chasser les images, on les voit en 3D. Mmoui. Pareil que la liberté.

L'oxygène, je ne sais pas, mais perdre sa femme ou être privé de sa liberté dans la fourchette de temps communément appelée le Temps des Fêtes, je connais, j'ai connu. Il en faut pas gros pour connaître: suffit de s'être déjà retrouvé menotté pour défaut de paiement d'amendes accumulées et d'avoir été engeôlé quelques heures pour connaître; j'ai deux, trois amis, des hommes de mon âge, une fille aussi, sur qui cette seule expérience déjà lointaine a produit une pénible et durable impression. Moi, eh bien, comme on sait, j'ai connu pire et plus souvent, aussi chaque année à peu près maintenant, je désire ardemment n'y plus penser et m'étourdir; un ami, ce matin, m'a écrit pour poser à mon endroit un geste d'une choquante bonté: il travaille pour trois, il ne devrait pas avoir le temps de penser à moi cette semaine, or je le soupçonne de considérer justement le contraire, et que cette semaine est en plein celle de le faire, et que la choquante bonté, manifestée sans tataouiner, est la seule qui vaille. Et voilà, veux, veux pas, l'idée des  humains qui passeront Noël en prison m'a recogné en plein front.

Il serait sot, je le signale, d'imaginer que Noël à l'ombre n'est doublement douloureux que pour les incarcérés chrétiens. Ce soir-là, les murs suintent l'humanité, toutes races et fois confondues, même celle des gardiens.

On est lundi. Ça va encore.

Jeudi au plus tard, cependant, un désespoir rampant, presque caoutchouteux, s'immiscera comme cent mille serpents entre les barreaux de milliers de solitudes silencieuses emmurées qu'aucun parent, aucun ami n'aura visitées, auxquelles nul petit colis ne sera remis, qui contiendrait un livre ou un gâteau aux fruits, de la part de quelqu'un qui pense à eux; dont on aura refusé tous les appels à frais virés. Vendredi, les prisons résonneront du tic-tac des secondes chances, et ce jour sera le plus long; samedi, le temps semblera cesser de respirer, juste au milieu de deux aiguilles fondues en pleine horloge de purgatoire: le temps lui-même, comme en état d'arrestation.

D'après ces chiffres, on peut estimer à environ 4 500 la population carcérale provinciale en cet instant précis. Hors les murs, combien de pères, d'ex-blondes, d'amis en proportion de cette population, qui ont presque décidé de ne plus y penser jusqu'au 7 janvier, genre? Qu'ils aillent au lit ce soir sans durcir leurs coeurs, et demain, qui sait de quelle humeur ils pourraient se lever? On sera mardi. Pas trop tard.

Quant à ceux qui, lisant ceci, se remémoreront leur propre ancien Noël en prison, faut pas trop m'en vouloir, j'ai pas fait exprès. Où est votre trousseau de clés? Dans votre poche de jeans, votre sac à main, pendu au clou planté dans le hall d'entrée ou posé sur le meuble du vestibule? Prenez-le entre vos doigts. Manipulez ces morceaux de ferraille taillés et contemplez. Vous avez les clés.

Ce soir, dormez en goûtant votre liberté. Parce que vous savez, c'est comme votre propre haleine: vous ne la sentez pas.