30.6.04

Side lines...

Ce qui m'inspire confiance en l'avenir littéraire de notre culture, c'est que la nouvelle mouture d'écrivains ne se planque pas dans l'enseignement pour gagner sa croûte. Catellier, poète et critique pigiste, vend des légumes à l'ombre d'une strophe de Gérald Godin. Vigneau repeint des bureaux de poste. Vigneault sert de la gnôle. Et Marie Hélène Poitras, romancière et journaliste pigiste, est cochère. Cochère!

Elle m'écrit: Je suis passée très vite à vélo à côté de toi toute à l'heure, j'avais rendez-vous, puis ensuite je me suis dit que j'aurais du arrêter au moins pour te dire que là, les lundis, dans le Vieux-Montréal en calèche, je conduis un petit trotteur américain, il est tout petit mais c'est le plus rapide et il a un ego hallucinant, il veut pas qu'on le dépasse, que ça soit un cheval ou un truck, ça le met en crisse on dirait, et quand on est pris sur une rouge, il danse sur place, comme s'il attendait le signal du début de la course, c'est mon préféré, il me donne des montées d'adrénaline, et si tu te pointes en fin de journée, vers 19h45-20h, je peux te ramener jusqu'à l'écurie, un lieu inspirant et glauque, sombre, avec des chiens méchants, des roulottes, des chats effrayés, des mauvais esprits pris dans les poutres du garage, un lieu infect qu'il vaut la peine d'arpenter.

Si je rate ce coche-là, je suis celui qui n'est pas assis à l'orchestre quand on fait danser les couillons. Les lieux, je les ai toujours visités d'abord, romancés ensuite. C'est la première fois qu'un écrivain m'offre de mettre les pieds dans un endroit esthétisé a priori.

29.6.04

Parlons Net

L'embargo est levé sur le bref entretien que j'ai accordé à OldCola à propos de la pratique du blog.

La paix du castor

Visionnant une copie piratée de Fahrenheit 9/11, mon fils de 22 ans en sécurité à mes côtés, contemplant ces petits gars tués ou estropiés pour enrichir une poignée de vieux salopards qui lèchent leur peigne avant de carder leurs cheveux gris, je me suis surpris, nonobstant l'issue des élections fédérales, à me réjouir d'être né en Canada.

28.6.04

Timbré

Retour au patch. Tanné de tousser. Crainte de crever avant que le bonheur me trouve.

24.6.04

CIBL

Suis resté en ville plutôt qu'accompagner Kevin et la bande dans un chalet dégotté par Eddy. Ils ont dû danser comme des païens jusqu'à l'aube autour d'un feu de joie. Mais j'ai déjà trop remis mon passage à CIBL. Cet après-midi, seize heures, je discuterai de Fontes avec François Lemay.

23.6.04

Conformisme

Le type montant dans l'ascenseur du building avec moi, l'air gêné: «Je veux pas me coucher tard parce que je travaille à six heures demain matin...» Je ne le connais ni des lèvres ni des dents.

Ça m'a pris dix minutes pour figurer pourquoi il m'avait dit ça. C'était l'embarras de n'être pas dehors avec le reste du peuple à fêter la Saint-Jean. L'embarras d'être surpris à rentrer au lieu de sortir. S'imaginait que je le condamnais. Réminiscences du troisième Reich.

Controversiou

Je termine une séance de photos avec Pedro Ruiz pour la une du Cahier Livres du Devoir du 3 juillet. A transformé le Bunker en studio. Immigrant récent, sympathique et touchant. «Pourquoi on dit vous écrivain controversiou?»

20.6.04

Avec un parapluie...

Pour écrire Sylvia au bout du rouleau ivre, juste avant Vamp, je m'étais fortement inspiré du format et de la structure d'un magnifique petit livre, Voyage en Irlande avec un parapluie, signé Louis Gauthier, un auteur que je n'imaginais pas alors rencontrer un jour, encore moins qu'il deviendrait un ami. Hier, après toutes ces années, quand Louis est venu me chercher avec sa Volks maganée, je suis resté stupéfait de découvrir, sur le plancher du côté passager, un parapluie...

On descendait à Trois-Rivières. Là, au bar Zenob, Réjean Bonenfant avait organisé une soirée Tape dans le dos pour Guy Marchamps, dont la librairie de livres d'occasion, baptisée Histoire sans fin, déclarait forfait après six ans d'encre rouge.

Ç'a été une chouette émouvante petite soirée. J'ai lu l'extrait de Vautour qui met en scène GM sous le nom de Guillaume Arcand. Judith Cowan a livré deux pages, traduites par ses soins, tirées du dernier livre qu'elle a acheté chez Guy: un recueil de récits publié en Inde dont l'un portait sur un libraire qui ne vend rien. Bonenfant avait conservé des écrits de son ancien élève, dont un vigoureux poème rédigé sur un rouleau de papier-cul. Daoust a lu un manifeste poétique et chanté Going to the Ritz en amorçant un effeuillage. Boisvert m'a rappelé sur scène pour lire avec lui son texte en croisé. Quelqu'un a donné, de Marchamps, le merveilleux Poème d'amour à l'humanité.

Le plus romanesque, le pas croyable, c'est quand cette jeune femme s'est amenée au micro, son bébé de trois mois buvant sec à son sein. Bar ouvert. La jeune femme a expliqué comment elle avait rencontré le père à la librairie, trois ans plus tôt. Lui, cependant, prenait des photos de nous tous. S'appelle Michel. A lu au micro à son tour, annonçant qu'il reprendrait le fond dans un sous-sol trifluvien. Y en aura d'autres plus jeunes plus fous pour faire danser les bougalous!

Vers une heure du matin, juste avant de rentrer à Montréal, Louis et moi sommes repassés par la librairie. Guy y était, errant à la lueur d'une veilleuse, avec Hélène Gauvin qui retenait ses larmes. Ça sentait bon le tabac à pipe et le papier vieux.

17.6.04

Racine

Beau texte de Tristan Malavoy-Racine sur Fontes dans le Voir d'aujourd'hui. Et parution du second chapitre de Goth dans le Ici.

16.6.04

Beau fou

Antoine, ce beau fou, a coupé dans son budget de Guinness pour me réserver un nom de domaine. christianmistral.com est désormais en ligne, de même que christianmistral.com/blog. Bref, j'ai été proprement et gentiment dotcomisé par un Grec apportant des cadeaux. Merci, brother.

15.6.04

Stand by

Je me suis toujours promis de ne pas devenir l'un de ces blogueurs qui se lamentent publiquement sur leurs aléas de serveurs (Vidéotron). Là, ça rase...

Sois patiente, ma Tribu magnifique et bien-aimée: nos affaires vont bientôt s'arranger. D'ici là, j'ai patenté ce lieu de fortune avec de la colle, de la ficelle, du carton et de la gomme balloune.

14.6.04

Info

I really don’t feel so good and I’m not quite sure why. It’ll pass, it always does. It’s as if my chemical balance was all fucked up. I’m sad all the time and I’m mean like a starving chained dog. I see K & C being so happy together and taking care of me after I took care of them and I get mad at you and me for being apart, and then I don’t care, and I worry about stupid things, careerwise, and I’m depressed because I pedal in oil and peddle in art, all that jazz, life leaves a bad taste in my mouth these days, that’s all, nothing more. So I guess what I want to say is: I love you, of course, but I’m not good for much these days, I don’t care about shit and I hope you’re OK.

27.7.03

Le lieu de toutes les libertés...

On dit ça du roman. Je le crois. Mais ce n'est pas tout de l'affirmer, il faut sans repos le prouver. Je suis stupéfait du nombre d'autorités culturelles qui s'emploient toujours à démontrer ce que le roman n'est pas, ne saurait être. Stupéfait et fouetté. Ce chantier va donc migrer sur-le-champ, voire sur le pré si nécessaire. On va leur faire voir ce qu'un roman peut devenir. Quelques phrases à la fois, sans se presser. Vous venez?



Ah! j'oubliais: trente-huit secondes après votre arrivée, vous serez automatiquement et confortablement redirigé vers la nouvelle page. Ça se fait tout seul! On n'a qu'à admirer le paysage et se laisser aller...

26.7.03

L'immémorial jeu de la séduction (jeu comme langage, économie, négociation, rituel, procédure de mise en présence, astuce de la nature...), ce jeu si sérieux qu'on en meurt parfois depuis toujours, et dont les règles sont immuables comme le pas de la valse viennoise: ce jeu ne change qu'en apparence d'un âge historique au suivant. On danse sur Johann Strauss, en redingote ou en Levi's percés aux genoux, exactement de la même façon. Aujourd'hui, la séduction passe aussi par un réseau de fibre optique, ce qui n'empêche pas l'amour de demeurer obstinément aveugle, bien au contraire. Les gazettes n'en ont que pour la dimension sécuritaire du sexe que procurerait le Net dans un monde d'infections génitales. C'est absurde. Le sexe ne sera jamais sécuritaire, même tout seul, pas tant qu'il se passera dans la tête. Les gazettes ignorent l'évidence que les coeurs et les imaginations ne sont pas protégés dans le maëlstrom des passions cyberspatiales, qu'ils sont exposés comme chairs vives à tous les fantasmes indisciplinés comme à tous les maux de vivre et que l'âme libre qui navigue ainsi dans le noir n'a de pire prédateur qu'elle-même. Les filles et les femmes qui disparaissent après avoir rejoint leur correspondant font la manchette, mais on ignore les légions, mâles et femelles confondus, qui ne sont ni fous ni mal-intentionnés, qui ont le coeur pur et douloureux ou seulement lourd, ces gens bien qui se rencontrent dans le vacuum électronique et prennent un verre symbolique et s'entendent à merveille et se plaisent et initient sans le savoir l'immémorial jeu de la séduction, sans songer à mal et savourant leur bonheur croissant, et laissant ce jeu sérieux échapper au contrôle du sens commun, jusqu'à ce que leur vraie vie ressente les approches de leur existence virtuelle et montre les dents pour défendre ses droits. Vieux conflit, forme neuve. Peine intemporelle.



J'ai deux amis dont je prie pour qu'ils se ressaisissent. Je prie, façon de parler. Faudrait encore avoir la foi, même pas en Dieu, mais au moins dans la capacité des gens de se gouverner eux-mêmes.



Dans un coin du Bunker, trois mètres devant moi, une créature a tissé une toile épaisse qui n'y était pas ce matin. De la taille d'une crêpe, je dirais. Ou d'un océan de colle, du point de vue de la proie qui s'y prendra.

Le chaos sirupeux de la semaine dernière m'avait comme englué le souffle, celui de gémir aussi bien que celui de pousser par écrit de grands soupirs de soulagement. C'est pourquoi, dans cette dernière catégorie, j'avais négligé d'évoquer le passage de Guillaume, et pourquoi je n'ai pipé mot de celui de Jean-François, mon cousin Moran, venu avec sa guitare me présenter notre chanson-fleuve, sans refrain ni couplets, juste un récit ni léger ni triste que fait un homme à ses fantômes aux environs du last-call, qu'il se dédie à lui-même. En l'occurence, la première a eu lieu en haut, chez CGDR, après les feux d'artifice. On était trois à l'écouter, et on tremblait. D'émotion, de plaisir. En profondeur. Pour moi, c'était la rarissime expérience d'éprouver mes mots comme s'ils avaient été rédigés par un étranger, de les ressentir comme pour la première fois, de m'imaginer vierge. Parce qu'un an avait passé depuis que j'avais écrit ça sans le relire, mais surtout grâce à la mélodie, la voix, la respiration, en un mot l'interprétation au sens propre, qui donne une tierce dimension aux mots comme la levure anime le pain. C'est seulement en ces inestimables instants que je peux comprendre (fugitivement) ceux qui me disent doucement l'effet de mes phrases sur eux, sur telle ou telle portion de leur aventure personnelle. Le reste du temps, l'artiste est condamné à demeurer le seul être au monde incapable de découvrir son oeuvre sans idées préconçues, de bénéficier de la surprise, de jouir d'un concours de circonstances, d'aborder ce qu'il offre avec une conscience étale, et rase, et fraîche. C'est là une ironie vache à vomir, un canular comico-sadique, une joke du Bon Dieu, dont on reconnaît d'emblée le style: l'architecte peut concevoir sa maison, la bâtir, l'habiter, l'ébéniste peut construire son lit et s'y coucher, mais l'écrivain lit tous les livres sauf les siens, et le chanteur ne reconnaîtra jamais sa propre voix, et le peintre n'oubliera pas la peinture sous la peinture. Good one, Bon Dieu. Real funny. You're a funny guy. I'm about to shit my pants laughing so hard. I'm about to bust a goddamned gut.



Mais je digresse big time. La guitare, donc, JF, il vient d'apprendre à en jouer. Un an d'efforts, et la corne à la pulpe des doigts pour le prouver. Avant, à vingt-trois ans, il s'était mis au piano. Apprendre le piano à vingt-trois ans. Quand je vois ça, c'est fatal, je m'apitoie sur mon sort: est-ce ma faute si je suis un fainéant doublé d'une tête de mule triplé d'un couard? Guillaume, c'est chaque mois qu'il apprenait quelque chose de neuf: une langue, un instrument, un rituel, un sport, une technique, une cuisine. Heureusement, ça ne retenait jamais longtemps son attention et je pouvais m'imaginer qu'il manquait de focus. Mais au fond, je savais ne pas pouvoir souffrir la comparaison en cas d'examen approfondi: j'étais, je suis une bête de somme munie d'oeillères et satisfaite de trotter dans son pré en broutant du trèfle et des champignons magiques. Le vaste monde et ses langues, ses instruments, ses rituels, ses sports, ses techniques et ses cuisines ne m'intéresse pas. Je n'ai de goût que pour les mots par lesquels on identifie tout ça, en français: les mots dont je peux me servir. Leur orthographe, leur étymologie. A quoi tout ça ressemble, à quoi ça sert, grosso modo mais rien de plus. Comme on disait à Saint-Marc, tu vas pas chier loin avec ça. C'est peut-être pourquoi je vis à un jet de salive de l'endroit où je suis né.



Anne Archet dessine des trucs froids et précis, noirs presque bleus et luisants comme les cheveux de Mandrake dans les vieux comic books, ce sont des mondes symboliques pleins d'espace entre les objets durs et les corps masculins surtout masculins seulement peut-être sont démontés en morceaux et la tragédie débilitante du monde que nous faisons crie de partout sans se plaindre, dans ces dessins. Et je me dis, voilà: cette femme qui écrit si magnifiquement et qui est une authentique libertaire dans sa chair, elle sait dessiner ce dont ce monde a l'air à ses yeux, ses dessins disent pourquoi elle a choisi la poésie et l'anarchie. Moi, en revanche, je n'ai aucun moyen d'écrire pourquoi j'écris. Parce qu'il est impossible d'utiliser le même outil sur la même matière pour décrire deux étapes fondamentales du développement d'une même personne, quand le tenant est la sensible absence de l'outil en question et l'aboutissant l'apparente utilisation de cet outil dont on prétend pourtant qu'il est absent. Un autodidacte célébré pour sa maîtrise du langage peut-il, avec le moindre espoir de convaincre, exprimer le drame de l'ignorance structurelle de sa génération? Et dénoncer la sienne propre, s'il songe à tout ce qu'on a criminellement négligé de lui enseigner? Peut-il avec succès alerter ses contemporains à l'urgence d'agir alors même qu'il semble incarner à lui tout seul l'inexistence du problème qu'il soulève? Toute son éloquence ne servira qu'à dissimuler l'agonie de l'éloquence. Ultimement, la logique exigera qu'on ne sache plus parler pour persuader autrui des périls que court la parole, qu'il ne sache plus nous comprendre, il faudra perdre le lire et l'écrire pour qu'un illettré adresse à un autre une missive bien sentie s'inquiétant du cours des choses. Absurde à un bout, absurde à l'autre et sans substance au milieu: ce fil de réflexion me contraint depuis longtemps, aussi sûrement qu'une chaîne soudée à un piquet planté dans un champ, quand elle mène à un collier coulant qui ceint le cou d'un grand chien jaune. Je suis ce chien qui tourne en rond, l'herbe pâlit puis disparaît sur son circuit, ça devient fou un chien comme ça, je le sais bien j'en ai eu trois. Fou d'ennui, mais fou surtout de confusion. Il comprend pas qu'on lui fasse ça. Il comprend pas qu'on le tue pas, qu'on l'attaque pas franchement, qu'on lui laisse pas la chance de surmonter sa nature aimante et coopérative pour se défendre et crever digne. Ca, c'est le chien. C'est con, un chien. Un homme, c'est sans excuse.

25.7.03

Semaine dernière. Guig débarque avec son portable, un Mac G4 monstrueux de puissance. Pour quelques heures, cet engin est devenu le coeur palpitant du Bunker. Son propriétaire a réquisitionné mes haut-parleurs pour les débrancher de Memory Babe (mon ordinateur) et les relier à Capharnaüm IV (le sien), et ce truc s'est transformé en juke-box de salle de danse de terrain de camping en 1973. Puis, et simultanément, Guig a enclenché le logiciel de montage vidéo et ce truc s'est transformé en studio de post-production: tout le film des Fêtes à Saint-Placide a défilé, clip après clip fondus ensemble sans trace de couture et le plus léger pesait 250 mégaoctets. Puis ce truc s'est transformé en album de photos à faire pâlir de jalousie la bibliothèque d'Alexandrie. Puis ce truc a fait place aux cent premières pages du roman en chantier, et j'ai pu m'asseoir pour les lire, Guig sirotant une Heineken à côté. «Tu te souviens, j'ai dit, quand tu m'as montré Memory Babe la première fois? Il s'appelait encore Capharnaüm, en ce temps-là. Tu n'arrêtais pas de répéter, émerveillé: "Regarde-moi ce tracteur. Non mais, REGARDE-MOI CE TRACTEUR!" Hein, tu t'en souviens? Eh ben mon vieux, regarde-moi ce tracteur, aujourd'hui, à côté de ton char d'assaut...» L'espace d'un instant, j'ai presque cru le voir gêné, comme si c'était sa faute, le progrès. J'ai replongé dans son manuscrit, au titre selon mon coeur et à la gravité pleine d'humour et au ton juste à point et aux types masculins familiers et au personnage féminin poignant, dessiné comme une étude de Kevin, et je suis tombé sur une scène en flash-back qui se déroule au Grand Café, et cet après-midi, passant devant ce qui est aujourd'hui une succursale du Commensal, j'ai senti un subit moton m'éclore dans la gorge comme une fleur empoisonnée.



Memory Babe, indeed. Capharnaüm, indeed. Coeur palpitant, indeed...
Je sors de ces séances intensément satisfait. Ces cinq, six heures de suite, de temps en temps, que Mario et moi employons à réaliser un cyberprojet, lui chez lui, moi chez moi, liés par téléphone et par courriel, certes, mais surtout par une intime connaissance de nos esprits mutuels, si bien qu'il nous arrive de mieux communiquer dans l'absence. Face à face, je parle tant et avec tant d'insistance, et il abuse tellement de sa réserve naturelle, qu'il nous faut parfois dix fois le temps d'un simple échange désincarné pour arriver au même résultat. Son rire en moins, évidemment. On n'est pas des machines, et son rire me manquerait.
Marie-Josée, trop triste, ne voyait pas la pluie. Son nouvel amour virtuel lui avait adressé un Dear Jane e-mail. Elle est venue se changer les idées au Bunker, essayer d'y voir clair. Quant à MSL, elle a bravé l'orage pour venir récolter un complément d'informations et en vérifier d'autres. J'ai passé le reste de la journée troublé comme un ado.

23.7.03

Résolu de graves crises personnelles qui pourrissaient les derniers temps. Avec B, avec JC. La bonne volonté des gens de bonne volonté fait miracle.



Rengagé le Kid à mon compte, maintenant que j'ai les moyens et qu'il comprend un peu mieux les fins.



Pensée du jour: l'Etat prend des libertés avec vous. Les vôtres. Et l'Etat, c'est un peu vous. Une émanation de votre citoyenneté. Est-ce à dire qu'il ne s'agit que d'un transfert confidentiel de la poche gauche à la poche droite, une somme zéro? On ne garde pas la même chose dans la poche droite et dans la gauche, et l'une n'a pas à savoir ce que l'autre contient, à moins que l'inventaire ne soit régi par un cerveau totalitaire...