25.6.02

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Hier, Éric arrive, gelé dur en dépit de l'extrême chaleur, sa selle de bécane à la main. D'ordinaire, sa tolérance au THC est si forte qu'il faut l'observer de près pour se douter qu'il a fumé, mais là, ses yeux sont des braises enfoncées dans leurs orbites et sa voix a baissé d'un octave. Je lui demande comment ça se fait. Il m'explique que, depuis qu'il s'est trouvé une bicyclette, il arrête chez tous ses copains entre l'appartement de sa blonde et le sien, le temps de tirer un petit joint. En bout de journée, ça finit par compter.



Sa guignolée personnelle, en quelque sorte. Vieux rituel convivial canadien-français remis au goût du jour. Quand il repart, il oublie sa selle et doit remonter la chercher.
Je constate avec plaisir qu'Annie a repris son Journal, cette fois sous la forme d'un blog plus traditionnel. En en étudiant la source, j'ai appris à surligner. En matière de codes et de bidouillage, Script a toujours une longueur d'avance.
Courriel de ma vieille Marie-Claude, aujourd'hui mariée en Belgique: «Je ne sais pas si tu reçois tes relevés de la Socan à la maison, si oui, tu devrais vérifier que tu as bien été payé par la Sabam sur ton Q2 2002 pour ta chanson Soirs de Scotch. Hier soir, ils ont fait un gros concert pour célébrer la St-Jean sur la Grand-Place à Bruxelles et dans leur medley, ils ont utilisé environ 40-45 sec. de ta chanson.»



Voilà que par ma faute, nous passons pour des soûlons à l'étranger!

24.6.02

Ça y est. Selon le Washington Post, le FBI a commencé à visiter les bibliothèques publiques, réclamant et obtenant la liste des livres empruntés par certains citoyens en vertu du Patriot Act. La semaine dernière, le jour même de l'arrestation d'un Musulman à Montréal, on pouvait voir et entendre aux nouvelles de cinq heures le zouf employé au club vidéo du coin énumérer les locations de cassettes du suspect.
Mario venait juste d'apprendre la démission de Stanley Péan de La Presse après qu'on eut refusé de publier son papier sur Denise Bombardier. «Je savais qu'elle était pesante, dit-il, référant à ces posters chez Renaud-Bray où on la voit en pyjama, mais c'est tout de même pas un auteur majeur!»



«N'en sois pas si sûr», réponds-je en déployant le doigt du milieu.



«Et Péan, dans tout ça? Qu'est-ce que t'en penses?»



«Ma foi, pas grand chose. Il y a quelques années, incarcéré à Bordeaux, le Bordeaux qui flanque la Rivière-des-Prairies, j'ai bénéficié d'une libération d'après-midi et je suis tombé sur lui dans le métro. «T'es pas supposé être en prison?» qu'il m'a dit, une pointe de déception dans la voix. Alors, Péan, tu comprends, depuis ce temps, c'est un peu mon négatif. Je veux dire: t'as été journaliste, tu sais comment ça marche. La rédaction a tout loisir de publier ou non. Qu'il fasse sa crise si ça lui chante, mais je partirai pas en guerre contre La Presse pour ça, et personne d'autre ne le fera.»



«Ton négatif?»



«Ouais. C'est drôle, hein?»



«Dans quel sens, négatif?»



«Dans tous les sens.»



«Alors oui, c'est tordant.»



Il y a quelque temps, j'ai accepté la pressante invitation d'Éric Roger à participer à sa mensuelle soirée Solovox, celle de ce 26 juin, au café Ludik. Pour l'occasion, j'ai exhumé quelques poèmes de jeunesse, en fait toute une pile, en fait un recueil entier, inédit. Fange et furie. Chaque fois que je les relis, je suis partagé entre la gêne et l'émotion. La plupart remontent à l'époque de Vamp: théoriquement, ils ne devraient pas être aussi mauvais qu'ils m'en ont l'air. Quoi qu'il en soit, je vais en roder quelques-uns mercredi soir, après quoi on verra bien s'il convient d'en faire quelque chose. Kevin doit également faire ses débuts sur scène, mais j'ignore toujours s'il y sera.
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JF et Denis voulaient venir finir une bouteille de rhum, mais le courriel s'est égaré en chemin. C'est aussi bien. Plus de rhum pour moi. À seize ans, je suis tombé du deuxième étage sur le crâne au cours d'une cuite au Captain Morgan. Si je n'avais été si soûl, je serais mort assurément. Sauf que je ne serais pas tombé.



À Radio-Canada, on diffuse des entrevues avec des fêtards de la Saint-Jean. Ils choisissent les plus débiles. Enfin, j'espère. Parce que si c'est les moins pires, y a de quoi déménager à Saskatoon.

23.6.02

Kevin sort d'ici à l'instant. Vêtu d'un t-shirt emprunté, sa chemise laissée dans une autre bagarre. Skinhead et débarbé. On a causé. Causé des causes, des conséquences. On s'est souri, serré la main. Il a lu une semaine de Journal, puis je l'ai envoyé dormir, car il se lève à six heures demain pour remplir un contrat de peinture. Il est reparti avec ses films. Rasséréné.
Kevin, mon chevalier rouge, vient d'appeler de Saint-Hyacinthe. Fort chaud, tout frère. Je n'ai jamais douté que nous surmonterions l'escarmouche. Maintenant, j'en suis tout à fait sûr.
Si on me demande, dites que je suis flambant nu entre deux ventilateurs, à lire The Bourne identity de Robert Ludlum tout en regardant du coin de l'oeil une version expurgée de la vie de Catherine de Russie.
Noël des campeurs ou cadeau de la Saint-Jean, appelez ça comme vous voulez, ce matin je vous offre Boîte à bijoux, une chanson inédite téléchargeable en format mp3. La musique est de JF Moran et Denis Coulombe, l'interprétation de Karine Lecault, qui la défend en ce moment même au festival international de la chanson de Granby.

22.6.02

Pâté chinois pour petit déjeûner. Ça fait un bon fond. Toujours révolté par ce qu'elle m'a écrit. J'attends patiemment que mon dégoût reflue.
Coup de fil de don José (Acquelin) autorisant l'usage de son texte avec enthousiasme.



J'apprends que je fais désormais partie du comité liberté d'expression de l'UNEQ. D'autre part, ils réclament une photo de moi en position d'écrire pour un diaporama en l'honneur de leurs 25 ans. Trouver une idée drôle.

21.6.02

Justine me chicane parce que j'ai séché deux jours (elle savait pas, pour la souris). Moi je songe à l'incendie de ses cheveux l'opulence dont elle comble le denim de ses robes et je me fais plaisir.



Justine loves to make a man horny

it makes her feel juicy


(Anonyme)
Reçu de Bertrand Laverdure: un exemplaire frais imprimé de Les chants de l'aube de Lady Day, par Danièle Robert, préface de Stanley Péan, publié chez Triptyque. Une splendeur de contenant! Le contenu, je ne l'ai pas absorbé encore, faut que je finisse mon roman de Star Trek.



Les folles sont si foutrement sexy! Le problème, avec les folles, c'est qu'elles ne savent pas qu'elles le sont. Elles s'en doutent, je pense, et ça les rend méchantes, mais autrement, c'est du bonbon.



J'en ai connu une, récemment, elle avait lu tous mes romans, mais du diable si elle ne s'indignait pas de me voir boire! Cette grotesque et virulente sangsue se figurait que mes livres s'écrivent tout seuls, et que le temps que je passe à m'enivrer tout en contemplant le plafond et en réfléchissant est du temps perdu. Perdu pour elle, s'entend.



Le comble, c'est que l'inénarrable cruche, cachée planquée creux sous trois épaisses couches de pseudonymes, craint toujours qu'on la reconnaisse. Encore faudrait-il qu'elle fût connue! Truman disait finement: «If you can't stand the heat, get out of the kitchen!», quand il ne disait pas «If you can't shit, get off the pot!»



Dangereuses, ces biches-là. «Fais-moi confiance! Quand vas-tu enfin me faire confiance?»



Hmmmph!
Ça parle au diable: de nouvelles fleurettes rouges ont surgi du pot d'Annie. Ça s'arrose, bordel.
Beaucoup de viande mise à bronzer sur l'étal vert autour du bassin du Parc Lafontaine. Quelqu'un travaille-t-il encore dans cette ville indolente et flemmarde? C'est beau à voir, je vous raconte pas, les forces vives de la nation, les masses laborieuses qui s'enduisent de lotion solaire.



Hey, I'm back!



Un aspect parmi cent de la curieuse nature des femmes: elles s'imaginent devoir passer avant la littérature. Même celles qui s'échinent à écrire avec toute l'émouvante (m)aigreur de leurs moyens, la face figée en un rictus de revanche; c'est tout dire.



Vous là-bas dans l'ombre, et vous ici, dans la lumière des premières rangées, je vous aime bien, vous savez...



Bon, trève de larmoieries; faut que je sorte acheter des tubes à cigarettes.
La Bibliothèque Centrale expose les cahiers de José Acquelin, de véritables objets d'art. J'y ai découvert un texte d'une époustouflante lucidité que je place dès maintenant en exergue d'Origines.
Deux jours d'absence forcée. Vous êtes toujours là? Ma souris m'a lâché. Celle en plastique et caoutchouc. Mais tout est arrangé, mon cousin JF Moran m'en a offert une autre et je remonte en selle tranquillement pas vite. Le temps de descendre une quille ou deux et je reviens en pleine forme!



En attendant, j'ai écrit des paroles pour JF, un texte sans refrain disponible sur Chansons.



19.6.02

Y a des gens, je vous jure, la liberté les fait râler (surtout la mienne).



Hier, quelqu'un que je ne nommerai pas (vu que je ne peux parler de rien ni personne) me demande de rester. À regret, j'explique que j'ai des choses à faire au Bunker. «Dans ce cas, SORS DE MA VIE!» hurle quelqu'un.



Ciel d'Afrique et pattes de gazelle! Quelle bonne occasion de réintégrer la mienne, pensé-je.



Sur le chemin du retour, une théorie de bagnoles klaxonnantes hérissées de drapeaux brésiliens applaudissait le nouvel état de choses. Au fait, quelqu'un connaît-il le résultat du match contre la Belgique?